Lumières sur Munch au Centre Pompidou
La modernité d’Edvard Munch est éclairée par l’exposition que lui consacre le centre Pompidou du 21 septembre au 9 janvier 2012.
A travers près de 140 œuvres dont une soixantaine de peintures, cinquante photographies en tirages d’époque, une trentaine d’œuvres sur papier, des films et l’une des rares sculptures de l’artiste, Munch se dévoile sous toutes ses coutures et ses périodes.
Célèbre peintre norvégien (1863-1944) l’exposition montre comment la curiosité de l’artiste pour toutes les formes de représentation de son époque a nourri et transformé son inspiration et son travail.
Son expérience de la photographie, du cinéma, ses lectures de la presse illustrée ou encore ses travaux pour le théâtre ont en effet profondément inspiré une œuvre dont l’exposition dévoile la fulgurante modernité souvent méconnue du grand public.
A rebours de la mythologie qui fait de Munch un artiste du 19ème siècle, reclus et tourmenté, le spectateur découvre son ouverture aux débats esthétiques de son temps, en dialogue constant avec les formes de représentation les plus contemporaines : la photographie, le cinéma et le théâtre.
Il ira jusqu’à faire lui-même l’expérience de la photographie et du film, osant des autoportraits qu’il est sans doute le premier à avoir réalisé, à bout portant, en tenant l’appareil d’une main comme le font aujourd’hui les accro du téléphone portable :
«J’ai beaucoup appris de la photographie. J’ai une vieille boîte avec laquelle j’ai pris d’innombrables photos de moi-même. Cela donne souvent d’étonnants résultats. Un jour lorsque je serai vieux et n’aurai rien d’autre de mieux à faire que d’écrire mon autobiographie, alors tous mes autoportraits ressortiront au grand jour.» (Edvard Munch, interviewé par Hans Tørsleff, 1930)
À travers neuf thèmes, pour un parcours en douze salles,(Reprises, autobiographie, l’espace optique, en scène, compulsion, rayonnements, l’amateur de cinéma, le monde extérieur, dessiner, photographier, le regard retourné…)
l’ exposition présente un ensemble de peintures majeures et d’œuvres sur papier comme il a rarement été possible de les voir. Associées à ses expérimentations photographiques et filmiques, elle s’interroge sur l’habitude qu’avait Munch de reprendre les mêmes motifs.
On y découvre aussi combien son expérience du cinéma, ses lectures de la presse illustrée ou encore ses travaux pour un théâtre intimiste ont induit un nouveau rapport de spatialité entre le motif pictural, rapproché et le spectateur interpellé de face.
L’impact de ces images modernes, renforcé par la pratique photo-cinématographique de Munch, est aussi perceptible dans les effets de transparence, une forme de dynamisme et un mode de narration tout à fait spécifiques à ces nouveaux médiums.
La plupart des oeuvres proviennent du Musée Munch d’Oslo mais également du Musée national d’Oslo, du Musée d’art de Bergen ainsi que de quelques collections internationales. Un important catalogue à paraître aux Editions du Centre Pompidou, incluant une quinzaine d’essais de nombreux spécialistes internationaux, des recherches nouvelles et des traductions en français de textes inédits d’Edvard Munch, accompagne et documente cette exposition, sous le commissariat d’Angela Lampe et Clément Chéroux.
Une visite ludique en terre de Munch, à la découverte de son talent et de ses gestes entre impressionnisme et grande modernité. La force de certain de ces tableaux entraine au pays de l’angoisse où tout est sombre et les corps quasi sans limite. Un tourbillon où l’art est comme toujours salvateur.
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