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[Live Report] Forum D’Avignon- Etienne de Crecy donne des raisons d’espérer
Le Forum d’Avignon qui se tient du 15 au 17 novembre dans la salle du Conclave du Palais des Papes a accueilli hier sa deuxième journée dans un enchaînement frénétique d’interventions. Focus sur trois moments clés.
Du Matin, on garde le témoignage de Zahia Ziouani. Interrogée par Pierre Lescure, encore surpris qu’une femme puisse être chef d’orchestre. Elle a «grandi dans un quartier populaire», à Pantin. Elle coupe tout de suite l’herbe sous le pied des stéréotypes “Dans une famille où la musique classique est un art de vivre”. Elle a affirmé qu’il fallait réparer les entraves : le prix et la distance. Elle a donc créé un orchestre symphonique à Stains portant le nom « Divertimento ». A 33 ans, la jeune femme impose le respect dans un monde où la misogynie règne encore. Elle a rappelé qu’elle n’était pas une exception, on rappelle que Laurence Ekilbé vient de recevoir la légion d’honneur.
Elle file pour un concert, laissant la place à Elie Barnavi qui dans un rappel éloquent a affirmé, et ce n’est pas inutile, que la culture n’était pas un antidote au fanatisme mais qu’elle pouvait par touches faire reculer la guerre.
De l’après midi, orchestrée par Olivier Poivre d’Arvor on garde le duo de filles géniales, la présidente d’Universcience Claudine Haigneré et la chorégraphe Kitsou Dubois. L’artiste fait danser ses interprètes en apesanteur, dans le cockpit de l’airbus 300. Absolument bluffant et visionnaire. Pour le moment, ironie, ce spectacle vivant là ne peut jamais être vu en live, par définition. Il nous parvient filmé, faisant de la chorégraphe une vidéaste. En changeant son rapport à l’air elle a redéfini son art. Fascinant.
Autre coup de cœur de l’après-midi pour Eduardo Browne. Décidément, les chefs d’orchestres éclairent le forum par des interventions sans redites et sans langue de bois. Il a affirmé, et rejoint en cela Zahia Ziouani, que la culture ne s’enseigne pas, elle se pratique. Donnant l’exemple de l’un de ses spectacles ayant fait salle comble, qui, n’aura touché que 0,5% au Chili, il s’interroge sur la culture dite de masse qui ne fait que zapper, effleurer. Lui demande qu’on entre en culture. Qu’on la vive pour la ressentir, la comprendre et avoir envie de la transmettre. Ça va mieux en le disant.
Du soir, tout tout tout Etienne de Crecy
Alors là oui, Etienne de Crecy donne les raisons d’espérer. A 43 ans, le fondateur avec Alex Gopher de ce genre musical qu’est la French Touch au début des années 90 revient en force sur le devant de la scène. Dans un Opera-Théâtre transformé en énorme dance floor il a envoyé le son élégant qui le caractérise.
Son mix s’est placé dans le champs de la techno, avec des beat rapides, précis, inserant nappes et peu de moments vocaux.
En guise d’accueil, il a commencé fort en envoyant le tubesque « I’m a wrong » qui en une seconde à transformé la fosse d’orchestre en piste.
Il a joué chic, limpide en intégrant des repères pour tous ceux qui dansaient déjà sur l’album Super Discount en 1996. Sinsemilia… Marijuana.. Il a osé Prix Choc au Forum d’Avignon.
Affirmer que l’électro n’est pas une passade. Que les ordinateurs sont des instruments. Que ce son là est celui du passage au troisième millénaire. En un mot, qu’il est vivant. Cela oui, donne les raisons d’espérer.
Les acteurs de la French Touch ont tenu bon malgré le refus des maisons de disques de les produire au début des années 90. C’est le Royaume Uni qui nous les a ramenés, et depuis 20 ans maintenant, ils prouvent que oui, il est possible d’être underground et reconnu, populaire et exigeant, profond sans superficialité.
Les voilà les raisons d’espérer.
Visuels : (ABN)