Politique culturelle
Les 18 lieux de la Mission Patrimoine 2021 de Stéphane Bern

Les 18 lieux de la Mission Patrimoine 2021 de Stéphane Bern

08 April 2021 | PAR Camille Bois Martin

Depuis 2018, Stéphane Bern a initié un immense projet de sauvegarde du patrimoine français : la Mission Patrimoine. Depuis quatre ans, 527 sites ont été l’objet de travaux de restauration, dont plus de 200 qui sont aujourd’hui sauvés. Cette année, ce sont 18 lieux qui vont bénéficier du soutien financier de l’édition 2021 du Loto du Patrimoine.

Une mission collective pour un patrimoine commun 

L’objectif de cette mission, qui se déroule partout en France (de l’hexagone jusqu’en Martinique et Guadeloupe) est de préserver des ruines et de l’oubli les sites et monuments français qui ne sont, pour la plupart, pas encore protégés par l’appellation de Patrimoine Historique. Si Stéphane Bern est parvenu à mobiliser de solides soutiens (le ministère de la culture, la Fondation du patrimoine, et la FDJ), il en appelle également à une mobilisation citoyenne, en participant notamment à la loterie 2021 du Patrimoine qui a déjà permis, entre 2018 et 2020, de réunir 69 millions d’euros. Cet investissement collectif financier peut se faire également à travers des dons qui, lors des dernières éditions, ont rassemblé 7,4 millions d’euros.

Du Jura jusqu’à Fort-de-France, en passant par la Haute-Corse et la Gironde, ces sites et édifices rénovés seront soit ouverts au public, soit le lieu de manifestations culturelles. En tout cas, ce sont des souvenirs  rénovés qui échapperont à la menace du temps et de l’oubli. 

Des lieux cultuels

Parmi ces 18 sites sélectionnés par la Mission Bern, cinq lieux cultuels vont être réhabilités : le couvent de Marcassu à Cateri (Haute-Corse), l’église Saint-Jean-Baptiste de Steenwerck (Hauts-de-France), l’église abbatiale Sainte-Marie de Souillac (Lot), les chapelles de l’Annonciation et de l’Assomption de La Brigue (Alpes-Maritimes) et la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). 

Pour ces lieux de cultes, l’objectif est de pouvoir maintenir la vie spirituelle et religieuse qui s’y déroule depuis parfois plusieurs centenaires, mais aussi de permettre au public de continuer à la visiter régulièrement ou ponctuellement. Certains édifices comme le couvent de Marcassu, à l’issue de ces restaurations, vont abriter des manifestations culturelles telles que des conférences, concerts ou pièces de théâtres qui y sont déjà organisées ; de tels projets vont aussi être organisés au sein de l’église abbatiale Sainte-Marie de Souillac (photographie ci-dessous par Akim Benbrahim) qui accueillera des concerts de musique sacrée ainsi que l’extension des musées de la ville. Il en va de de même pour l’église Saint-Jean-Baptiste de Steenwerck, trésor d’exposition en elle-même réalisé par l’architecte lillois Armand Lemay au début du XXe siècle. 

D’anciens lieux résidentiels   

La Mission va également sauver de l’érosion du passé quelques maisons où d’illustres personnages de notre histoire française ont séjourné, comme la Maison de Louis Pasteur à Arbois (Jura), l’actuel Musée de Marcel Proust et ancienne maison de sa tante Léonie à Illiers-Combray (Eure-et-Loir), les écuries de l’ancienne résidence du duc de Richelieu à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), ainsi que le château d’un de ses descendants, le Marquis de Jumilhac, à Cherré-Au (Sarthe, château du Haut-Buisson), ou encore la villa Didier à Fort-de-France, maison familiale de l’industriel Marcel Didier (Martinique). 

Également, on retrouve dans cette liste des témoins de figures historiques moins connues mais dont la trace patrimoniale est exceptionnelle : la ferme de Villarivon aux Chapelles (Savoie) en fait notamment partie, ainsi que la maison de maître de forge à Rupt (Haute-Marne), ou bien le Vieux-Château médiéval du Neubourg (Eure).

La plupart de ces bâtiments sont en très mauvais état, du fait d’abandon ou de succession ; pourtant, leur intérêt est grand puisque, même s’il n’est plus réellement possible d’y vivre, ils nous renseignent sur la vie quotidienne de nos ancêtres tout autant que sur le goût architectural de chaque époque. C’est le cas notamment de la ferme de Villarivon dont les propriétaires ont modifié la façade au XVIIe siècle afin de la faire paraître comme une maison bourgeoise, témoin de leur réussite financière, avant d’être repeinte selon les goûts populaires à Turin vers la moitié du XIXe siècle. La maison de maître de forge à Rupt (photographie ci-dessous par Nicolas Dohr) est également exemplaire de l’architecture éclectique de ce siècle, témoin des modes de vie de la bourgeoisie haut-marnais de la fonte d’art au XIXe siècle.

Des lieux culturels

Vestiges de notre histoire sans être affiliés à un personnage particulier ou une religion, la Mission Patrimoine va également tenter de préserver les exemples d’événements ou traditions passées comme le moulin à vent de la sucrerie Roussel-Trianon à Marie-Galante (Guadeloupe), la poterie de Gradignan (Gironde), l’ancien pénitencier pour enfants de l’Ilet à Guillaume (La Réunion), ou encore le poste directeur de tir de la Seconde Guerre mondiale à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et le musée Alexandre Franconie à Cayenne (Guyanne). 

Il est en effet des savoir-faire que les nouvelles pratiques n’ont pas effacé, mais que le temps ne cesse de menacer, du moins dans ses formes architecturales : la poterie de Gradignan est un exemple rare des poteries construites au XIXe siècle, qui s’est industrialisée avec environ 44 ouvriers en 1937.  Le Vieux-Château du Neubourg (photographie ci-dessous par Franck Belorgey), s’il va lui accueillir des savoir-faire qui lui sont postérieurs avec un musée pour les collections anatomiques du docteur Auzoux ainsi qu’une salle de spectacle, il est l’image d’un édifice médiéval bâti au tout début de l’an mille, haut-lieu politique du XIIIe au XIVe siècle ainsi que pendant la guerre de Cent Ans. 

Vous pouvez retrouver et participer au financement des 18 projets de restauration ici. Les travaux commenceront entre le printemps 2021 et début 2022, et les dernières restaurations s’achèveront en 2023. 

Visuel d’en-tête : © Image promotionnelle de la Mission Bern, Fondation du Patrimoine

2nd visuel : ©Fondation du patrimoine / MyPhotoAgency – [Akim Benbrahim (24), Lot – Eglise Abbatiale Saint-Marie de Souillac]

3e visuel : © Fondation du patrimoine / MyPhotoAgency – [Nicolas Dohr (48), Haute-Marne – Maison de maître de forges]

4e visuel : Fondation du patrimoine / MyPhotoAgency – [Franck Belorgey (1),Eure – Vieux Château du Neubourg]

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Camille Bois Martin
Étudiante en Master de Journalisme Culturel (Sorbonne Nouvelle)

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