Actu
Myanmar : deux artistes condamnés à mort pour leur activisme pro-démocratie 

Myanmar : deux artistes condamnés à mort pour leur activisme pro-démocratie 

24 June 2022 | PAR Zoe Grandjacques

Le 3 juin dernier, la junte militaire du Myanmar a annoncé l’exécution imminente de plusieurs militants pro-démocratie. Parmi eux figurent l’écrivain Kyaw Min Yu, connu aussi sous le nom de Ko Jimmy, et l’ancien député et rappeur Phyo Zeya Thaw. La diplomatie française dénonce vivement ces condamnations qui marquent le franchissement d’un cap dans la violence du gouvernement militaire installé au Myanmar depuis le coup d’état de février 2021.

Les deux vétérans de l’activisme Kyaw Min Yu et Phyo Zeya Thaw avaient étés arrêtés et condamnés à mort en janvier 2022 pour trahison et terrorisme, après un procès militaire à huis clos. Le porte parole de la junte militaire a annoncé le 3 juin dernier que les tentatives d’appels avaient étés rejetées et que l’exécution aurait donc lieu.  

Un climat totalitaire

Le Myanmar, ou Birmanie selon l’appellation coloniale, est passé sous régime militaire après un coup d’état en février 2021 qui a renversé la présidence de Aung San Suu Kyi, de la ligue nationale pour la démocratie. Cette dernière vient tout juste d’être placée en isolement dans sa prison. Depuis le pays est plongé dans un régime violent, selon l’Assistance Association (ONG locale) 1887 citoyens seraient morts des mains de la police et du régime militaire. La justice vient renforcer ce climat despotique en ayant condamné depuis février 2021, 141 personnes dont 41 en leur absence, principalement pour des raisons idéologiques. Les détenus sont retenus dans des conditions déplorables et torturés. Mais l’exécution de détenus serait la première depuis les années 90, un échelon de plus dans la violence de la dictature actuelle. 

 

Censure et activisme

Quatre détenus sont concernés par ces condamnations dont l’issue devrait être imminente. Parmi eux : Kyaw Min Yu, aussi connu sous le nom de Ko Jimmy. L’auteur de Making Friendship, apparement best seller publié en 2005 mais dont il est impossible de retrouver une trace sur internet, aurait été arrêté pour avoir publié sur les réseaux sociaux des textes critiquant la junte militaire. En réalité, il est dans l’œil du gouvernement dès sa mise en place, car c’est un ancien activiste des mouvements étudiants de 1988 (888 uprising) puis dirigeant du groupe 88, pro-démocratie, fondé en 2005. Ces activités l’avaient déjà envoyé en prison à deux reprises en 1988 pour 15 ans puis en 2007 pour 5 ans. Temps qu’il avait mis à profit pour ses activités d’écrivain, il avait alors écrit « The moon in Inle Lake » en 2010, et des nouvelles politiques post-moderne publiées au Japon sous le nom d’auteur de Pan Pu Lwin Pyin. Il déclarait à la sortie de son livre : « Pour moi c’est l’art qui a rendu ma dure vie tolérable. Je chantais et j’écrivais de la poésie quand ma vie était dure en prison. Après je pouvais supporter de la mauvaise nourriture et dormir sur le sol dur ».  Il traduit aussi des livres de Dan Brown, dont Da Vinci Code dont la publication été soumise à la censure. 

Phyo Zeya Thaw est aussi concerné par ces condamnations. Ancien député et membre de la ligue internationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, il s’est vu démis de ses fonctions lors du coup d’état. Comme Ko Jimmy, Phyo Zeya Thaw était dans le viseur du gouvernement dès son installation. Il avait été par le passé condamné pour ses paroles pro-démocratie lorsqu’il était rappeur au sein du groupe ACID, premier groupe de rap myanmarais.

Il a aussi fait partie des quatre fondateurs d’un groupe de jeunes en opposition au régime militaire en 2007, Generation Wave. Parmi les actions du groupe, l’une d’entre elles avaient étés de diffuser des films interdits par la censure comme Rambo. Les deux artistes ont ce passé d’activisme commun et cette attention portée sur la portée politique de leurs activités culturelles et créatives. Arrêté en novembre, il est accusé d’avoir été en possession d’armes, de munitions et d’avoir financé des actions terroristes selon un journal de propagande nationale. Les autres médias sont d’ailleurs inaccessibles, le Myanmar Times est indiqué comme suspendu sur sa version ligne. 

Aujourd’hui les deux artistes sont en danger de mort, les ONG appellent à l’annulation immédiate des exécutions

©Visuel

Pictures of Ko Jimmy and Phyo Zayar Thaw released by the junta’s Myawaddy TV on Friday

 

Bruegel : grandeur et confusion
L’art de ne pas trop en faire, ou comment transposer Hugo sans emphase
Zoe Grandjacques

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration