
L’origine de la fête des amoureux, « c’est compliqué »
L’amour, ça ne coule pas comme un fleuve tranquille. La preuve: la tradition qui amène à célébrer aujourd’hui la fête des amoureux, ou Saint-Valentin, s’est construite à partir de conflits de valeurs. Récit.
Le païen et le sacré, cas désespérés à marier
Une célébration païenne qui eut cours dans la Rome antique dès le VIIème siècle avant J.-C., voulait que, l’équivalent du 15 février aujourd’hui, les jeunes prêtres du Dieu Faunus égorgent des chèvres, peignent leurs propres visages avec le sang recueilli, éclatent de rire, puis courent dans les rues avec des lanières en peau de bouc à la main, en fouettant les jeunes filles, qui venaient se mettre sur leur passage. Le tout dans une ambiance festive et gaie. C’était là la fête des Lupercales, destinée à honorer le Dieu de la fertilité. Le sang symbolisait la mort, le rire la vie, donc la résurrection, et partant le début d’une année nouvelle. Quant aux filles touchées par les fouets, elles savaient que leur grossesse à venir se déroulerait bien et qu’elles accoucheraient sans trop de douleur.
Or à la fin du Vème siècle, dans l’Empire romain gagné grandement par le christianisme, le pape Gélase Ier voulu que cette fête païenne, jugée immorale, n’eût plus lieu. Il fallut dès lors trouver à la remplacer. Comment détourner tout ce monde du physique tout en le laissant heureux ? Grâce à une figure religieuse, bien entendu ! C’est ainsi que non pas un, mais trois saints veillant sur la fertilité furent trouvés. Trois Valentins, originaires de Rome et tous trois martyrs, commémorés au jour occupé précédemment par la fête. Du païen, cette dernière tomba dans le domaine religieux.
De la fertilité aux amoureux
Faisons un bond dans le temps. Aux XIème et XIIème siècles, en France, cette Saint-Valentin intronisée devint la fête des amoureux et des fiancés. La tradition des Lupercales avait trouvé un dérivé : le 14 février, les jeunes gens tiraient au sort un nom, qu’ils devaient ensuite porter sur eux, de façon visible, une semaine durant. Sorte de loterie destinée à faciliter les unions, donc encore un peu marquée par l’idée de fertilité. Jusqu’à ce que la religion s’en mêle encore : au XIIIème siècle, le pape Alexandre IV fit définitivement de Saint-Valentin le saint patron des amoureux et des fiancés.
De quel « Saint Valentin » s’agit-il donc, lorsqu’on parle de l’homme canonisé ? A priori, il s’agissait du prêtre qui œuvrait à Rome au IIIème siècle, célébrant en secret des mariages, en un temps où la guerre nécessitait les hommes sur les champs de bataille et non au foyer. Arrêté, il aurait fait un miracle en redonnant la vue à la fille de son geôlier, avant de mourir en martyr, roué de coups puis décapité. Sa célébration fut cependant peu à peu oubliée, au profit d’une autre tradition.
Du religieux aux messages
La tradition du message échangé vient d’Angleterre. C’est Geoffrey Chaucer, l’auteur des Contes de Canterbury, qui mentionne dans ses écrits la présence des « valentines », envoyées le 14 février. En Angleterre, cette tradition coïncidait avec… le retour des oiseaux. Les anglais avaient déduit d’observations que la « saison des amours » coïncidait avec leur retour pour le printemps. L’amour revenait avec eux, forcément.
Les messages furent introduits en France au XVème siècle par Charles d’Orléans, qui venait de passer 25 ans de captivité en Angleterre, et devinrent « officiels » au XVIème siècle. Aujourd’hui, plus guère officiels, ils sont cependant le symbole et le cœur de la fête. Accompagnés, bien sûr, de cadeaux, à acheter…
Et Cupidon, dans tout ça ?
Cupidon, ou plutôt Eros, fils d’Aphrodite -en grec- a été associé très très tardivement à la Saint-Valentin. Quant à son histoire avec Psyché… Chut ! On vous renvoie aux aventures racontées dans les Amours de Psyché et de Cupidon, de Jean de La Fontaine, ou au Psyché de Pierre Corneille, Molière et Lully. Et on vous souhaite une joyeuse Saint-Valentin, bien intelligente.
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NGUEMETA
Aimé,Aimé encore Aimé c’est bien beau l’AMOUR