
La lettre d’Alfred Dreyfus adjugée à 380 000 euros
Une lettre d’Alfred Dreyfus s’envole aux enchères à 380 000 euros.
Mise en vente par la filière parisienne de la maison d’enchères Sotheby’s, la lettre d’Alfred Dreyfus a été adjugée à 380 000 euros (frais non-compris), soit près de quatre fois son prix d’estimation. La lettre est datée du 26 février 1896, soit quelques mois à peine après sa condamnation et sa dégradation dans la Cour Morlan de l’Ecole militaire immortalisée par la couverture du Petit Journal d’Henri Meyer. Elle était adressée au Ministre de l’Intérieur du bagne Saint-Martin-de-Ré alors qu’il attendait d’être déporté vers l’île du Diable sur laquelle il vécut quatre ans, seul avec ses surveillants.
On y retrouve le même cri d’innocence dont les échos furent lourds de conséquences, “j’ai été condamné pour le crime le plus infâme qu’un soldat puisse commettre et je suis innocent (…) Je ne viens vous demander, monsieur le Ministre, ni grâce ni pitié, mais justice seulement”. Puisqu’il marqua très profondément Emile Zola, qui fit paraître son fameux “J’accuse”, ainsi que Théodore Hertzl qui, assistant à la cérémonie de dégradation depuis sa chambre d’hôtel, fut convaincu dès lors de “la nécessité de résoudre la question juive”. La III ème République fut aussi profondément ébranlée par cette affaire qui divisa la France en deux camps, les dreyfusards et les anti-dreyfusards, une division originelle qui façonna le paysage politique français.
Une vente fut contestée par le petit-fils d’Alfred Dreyfus qui souhaitait que la lettre rejoigne le patrimoine national.
Visuel : copie d’écran, catalogue vente Sotheby’s Paris.