
Cannes 2023 : Le Temps d’aimer ou Katell Quillévéré magnifique réalisatrice
Un drame romantique, réalisé par Katell Quillévéré, qui est aussi un film historique où la réalisation réinvente des images d’antan, pour mieux les rêver.
Madeleine est une jeune femme pauvre, mère célibataire, dans la France d’après la Seconde Guerre mondiale. Elle rencontre un jeune homme riche un peu en rupture par rapport à son milieu. Ils vont tenter de vivre l’amour qu’ils se portent, malgré la société de leur temps, leurs secrets, les blessures dures à réparer, et tout le lot de mouvement que l’amour entraîne. Entre mariage, fuites, virées, précarité, soldats américains en permission, bars et bagarre, ou encore bohême.
Drame romantique, Le Temps d’aimer est présenté au Festival de Cannes dans le cadre de Cannes Première. Sa mise en scène est impressionnante. La réalisatrice Katell Quillévéré donne tout, soutenue par une équipe technique d’exception : Florian Sanson en tant que chef décorateur, Tom Harari à la photo, Jean-Baptiste Morin comme chef monteur… Eux et toutes leurs équipes invitent à plonger dans un bain de sensations, bien loin de la carte postale figurant des décennies passées.
En fait, leur travail rend la réalisation du film incroyablement habitée, sensible, et mouvante. En ressort l’impression que les images offrent de sentir et ressentir le rythme intérieur des personnages, qui les anime et les pousse à agir ou à se questionner. Effet rare.
Bien entendu, le scénario compte un certain nombre de péripéties. Mais ce n’est pas sa progression qui compte le plus. Très intelligemment dirigé, le film se permet des échappées au calme, suspendues, des pauses pendant lesquelles les protagonistes essayent de goûter l’existence, avec l’aide d’amis charismatiques rencontrés, ou face à quelques adversaires ou à l’adversité elle-même, et aux blessures.
Cette réalisation d’exception permet au rythme souvent endiablé du film d’atteindre à la vie pure. Elle donne aussi le loisir à tous les questionnements suscités par une telle histoire de se manifester d’eux-mêmes, de manière naturelle. De même, elle permet à l’oscillation entre bonheur et dureté de se présenter tout naturellement.
Ne reste aux acteurs qu’à briller. Ils en ont tout le loisir et s’en donnent à coeur joie. On pense bien entendu à Anaïs Demoustier, incandescente, et à Vincent Lacoste, pour une fois très habité. Ce long-métrage délicat paraît les amener à exprimer leur humanité. Pas si fréquent que ça, il faut le dire. On le salue pour ça.
Le Festival de Cannes se poursuit jusqu’au 27 mai.
Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2023
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Visuel : © Roger Arpajou