
Vive le sujet ! Série 2 : place aux identités
Les Sujets à Vif ont 25 ans cette année. 25 ans que la SACD et le Festival d’Avignon proposent à deux artistes qui ne se connaissent pas de se rencontrer sous le regard de la Vierge bien sage. En 2022, le nom très nomade de l’événement est Vive le sujet ! Pour le programme 2, nous assistons à deux trio très différents et talentueux qui questionnent l’identité.
ANA OUNTI -Dalila Belaza
Le musicien Trustfall, la poétesse Chouf et la danseuse et chorégraphe Dalila Belaza sont assis, chacun sur une chaise, très proches les uns les autres. Ils sont de biais de façon à pouvoir se regarder en toute égalité.
La danse arrive en murmure quand lui commence à gratter sa guitare. Elle est minuscule, elle glisse subrepticement le long de l’échine. Ils se séparent et nous comprenons les arts de chacun. La danse de Dalila Belaza part des hanches pour descendre dans les genoux et les chevilles. C’est doux et enveloppant. La voix de Chouf est une armée, qui balance des punchlines plus fortes que des roquettes. Du genre : ” Je suis plus sad que le marquis quand je repense à mon bled”. Lui à la guitare glisse vers le rock. Le ciment de ce pas de trois est dans les cordes. Le musicien est un marionnettiste symbolique qui fait entrer le corps et la voix dans les lignes de son instrument. L’ensemble parle d’exil, de terres et de son oubliés, remixés.
Keep on, walk and walk, walk the speakers, Otomo de Manuel
Autre spectacle, autre ambiance. Quoique ? Nous retrouvons la guitare. Elles sont deux pour cette performance, et au plateaux eux aussi sont trois. Ils font chacun une entrée mémorable, avec des look improbables. Le trio rassemble le metteur en scène et performeur Otomo de Manuel, le musicien Ranga Langa et la danseuse Éléa Ha Minh Tay. Elle a les sourcils rasé, un look super kawaï et un treillis. Otomo de Manuel est habillé dans les costumes de Starsky et Hutch.
Tout commence avec une prise de parole super snob et donc super drôle sur les atermoiements de Ranga Langa. Il a peur de l’abandon, se demande si porter des chaussettes roses est de droite, il répète “C’est une vraie question !”.
Elle aussi elle a peur. Alors elle se part de tactiques de Sioux pour arriver à regarder les hommes et les femmes avec aplomb. Se mettre à poil, faire du culturisme ou porter un short de boxe. Otomo de Manuel est là pour rassembler le tout et donner du corps (tatoué) à ces frayeurs.
L’ensemble est parfois un peu déconstruit, il n’empêche que le moment est délicieux. Il y a surtout la joie d’avoir eu une révélation en voyant danser hip hop et contemporain Eléa Ha Minh Tay, à l’allure unique.
Au Jardin de la Vierge du Lycée Saint Joseph. Jusqu’au 14 juillet à 18H. Durée 1H20.
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Visuel : ©SAGESSE