
« Au début » de François Bégaudeau : des histoires simples et émouvantes au Off d’Avignon
De François Bégaudeau et mis en scène par Panchika Velez, Au début, au Off d’Avignon, nous conte quatre parcours de vie différents mais dont les existences convergent vers un thème commun, la gestation. Les quatre interprètes sont bouleversants de sincérité pure et sans fard qui caractérise les histoires du livre Au début sorti en 2012.
Trois femmes de générations différentes et un homme… Ils s’appellent Marie-Jo, Geneviève, Marie et Baptiste. Chacun des protagonistes de Au début raconte sa propre vie ancrée dans son époque. Leurs regards ne se croisent pas et ils s’expriment chacun à tour de rôle pendant quelques minutes tel un orchestre dans lequel chacun joue sa partition ou un groupe de parole dont le temps qui avance met à nu la profondeur souvent accidentée de l’âme. Et pourtant… Ces existences basculent lorsque le désir d’avoir un enfant se fait sentir et qu’un nouveau-né vient au monde. Les quatre personnages deviennent alors des héros. L’une raconte les difficultés d’avorter et de prendre la pilule dans les années 60. L’autre se pense trop moche pour rencontrer l’homme de sa vie et avoir des enfants tandis que la jeune citadine confie qu’elle ne voulait pas d’enfant. Enfin, la seule figure masculine de la pièce évoque la difficulté de devenir père lorsque l’on est gay.
Au début est une adaptation réussie du livre éponyme de François Bégaudeau. Les quatre histoires, parmi les treize de l’ouvrage, ont été bien choisies et les séquencer par morceaux montre la fragilité de la confidence, et de manière plus générale de la vie. Les protagonistes, d’abord drapés dans la froideur de leur individualisme, s’ouvrent de plus en plus lorsqu’ils racontent leur désir d’avoir un enfant et la naissance. Ils finissent par se croiser et se regarder comme une injonction faite à chacun de nous, personnes autocentrées qui oublions que nous empruntons, hier comme aujourd’hui, les mêmes chemins, partageons les mêmes aspirations, mais aussi des déceptions et des peurs similaires. La musique de Bruno Ralle, une ballade country/rock adaptée d’un thème du compositeur Enrique Granados, accompagne ces récits interprétés avec justesse par Rachel Arditi, Nathalie Cerdà, Marie Ruggeri et Eric Savin. La parenthèse de l’émerveillement de la gestation cède la place à la réalité de la vie et aux craintes du futur.
Le public se retrouve forcément dans ces histoires comme Bégaudeau sait les raconter, avec une vérité poétique et touchante.
Au début, à 12h40 du 6 au 29 juillet au Petit Louvre. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.
Reprise au Petit Montparnasse à Paris dès le 6 septembre. Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h
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