
Nadia Beugré, un Tapis rouge en demi-teinte
La chorégraphe Nadia Beugré présente la version longue de sa pièce Tapis rouge dans le cadre du Festival d’Automne 2017. À l’Atelier de Paris – Carolyn Carlson, nous avons pu découvrir cette version plus aboutie, avec un danseur supplémentaire sur scène.
En 2014, la chorégraphe avait présenté au Festival d’Avignon une première mouture de Tapis rouge dans le cadre du programme “Sujet à vif”, qui permet à deux artistes n’ayant encore jamais travaillé ensemble de se rencontrer pour une collaboration. Elle poursuit cette année sa son travail avec le musicien et compositeur, Seb Martel. La pièce prenant de l’ampleur, Nadia Beugré a convoqué Adonis Nebié, danseur, et un technicien plateau, Aurélien Menu, figurant-acteur. Dans un véritable esprit d’équipe, le danseur a pu faire des propositions à la chorégraphe, engendrant des duos forts et engageants aussi bien avec Nadia Beugré qu’avec Seb Martel.
Le propos de la pièce part d’une réalité extrêmement difficile, celle des femmes travaillant dans les mines au Burkina Faso, sans reconnaissance ni la moindre protection. Dépourvues même d’équipements pour l’extraction de l’or, elles ont mis au point une technique : faire couler leur propre sang afin de permettre au précieux minerai de remonter à la surface. La couleur ocre de la terre couvrant le plateau ainsi que les gestes répétés du technicien-acteur rappellent cette réalité. En forme d’exorcisme, Tapis rouge tord le corps des interprètes, entre douleur et volonté d’émancipation face à la colonisation. Sur le devant de la scène, les corps des petites poupées encordées selon un rituel qui s’apparenterait à du vaudou font écho à cette souffrance de manière imagée, créant un univers évocateur.
“Fouiller progressivement au plus profond des archives de la violence souterraine pour dérouler un tapis rouge à ceux du dessous“, voilà donc le point de départ de Nadia Beugré pour cette création. Malgré cette volonté affichée, le propos scénique peine à convaincre, malgré les ambiances magnifiques du créateur lumière et scénographe Erik Houllier. L’effet répétitif de certaines scènes et le manque d’avancée dans le spectacle laisse un peu les spectateurs sur leur faim malgré la force du discours de Nadia Beugré, tout comme dans ses pièces Quartiers libres et Legacy également présentées au Festival d’Automne de Paris, en 2015.
Visuel : © Dimas Bontempo