
Victoires de la Musique Classique 2016 : Bertrand Chamayou
Nous vous en avons déjà dit quelques mots ici et là, les Victoires de la Musique Classique approchent à grand pas. Durant la courte période qui nous sépare de la soirée tant attendue, nous vous proposons un portrait de chacun des artistes nommés (ou nominés) afin de vous familiariser avec leurs univers et leurs talents. Nous commençons aujourd’hui par le pianiste Bertrand Chamayou dans la catégorie “Soliste instrumental”.
Bertrand Chamayou est né le 23 mars 1981 à Toulouse (il jouera donc « à domicile » le 24 février prochain). S’il a un oncle musicien amateur qui insiste pour que son neveu (dont il avait décelé l’oreille particulièrement aiguisée) apprenne le piano, c’est finalement grâce à un ami qu’il apprécie réellement cet instrument en l’accompagnant à ses cours. Au final, son ami finit par arrêter tandis que lui poursuit ! Il se présente assez tôt au Conservatoire de Toulouse et suit l’enseignement de Claudine Willoth dont l’émerveillement musical est, selon les dire du pianiste, « extrêmement contagieux ».
Ces années de Conservatoire lui permettent également de découvrir la musique contemporaine et de s’essayer à la composition. Après un petit passage à vide qui ne l’empêcha pas pour autant de réussir les examens de fin d’année, il est repéré par Jean-François Heisser qui lui propose de travailler avec lui à Paris et de tenter le Conservatoire. Fort de ce nouvel objectif, Bertrand Chamayou reprend ses études avec plus de sérieux et rejoint donc la classe de Heisser au CNSM de Paris à 15 ans. Il se révèle alors à lui-même et affirme sa personnalité.
Il travaille en parallèle avec Maria Curcio à Londres et reçoit les conseils de maîtres comme Leon Fleisher, Dimitri Bashkirov et surtout Murray Perahia qui « a laissé une empreinte profonde » en lui. C’est ainsi que Bertrand Chamayou est lauréat du concours Kraïnev en Ukraine en 1998 ainsi que du Concours International Long-Thibaud à 20 ans seulement. S’il donnait déjà quelques concerts avant cela, être lauréat est toujours un atout et permet une certaine mise en lumière en France.
Le pianiste donne environ 60 à 70 concerts par an, dont la moitié en France et les autres dans divers pays à travers le monde (Allemagne, Belgique, Hongrie, Russie, Espagne, Portugal, Japon, Canada, Mexique, etc…). De grandes salles lui ont ainsi prêté leur scène, tels que Pleyel, Mogador, Gaveau, Théâtre du Capitole, Halle aux Grains de Toulouse, Corum de Montpellier, Gasteig de Munich, Conservatoire Tchaïkovski de Moscou et bien d’autre. Il parcourt également les festivals et l’on a ainsi pu l’entendre à la Roque d’Anthéron , la Folle Journée de Nantes, le Festival de Radio-France Montpellier, Piano aux Jacobins , Piano à Riom, Piano en Valois, les Flâneries Musicales de Reims , l’Orangerie de Sceaux, le Festival de Pâques de Deauville, le Printemps Musical de Saint-Cosme…
Il participe à un premier album en 2003 avec Claire-Marie Le Guay, Florent Héau, et Thierry Escaich chez Universal puis il sort un autre album consacré cette fois à Liszt chez Sony 3 ans plus tard, Etudes D’Exécution Transcendante. Cette même année, il reçoit sa première Victoire de la Musique Classique en tant que Révélation soliste de l’année. En 2008, c’est Mendelssohn qu’il met à l’honneur dans un album, cette fois chez Naïve.
En 2010, Bertrand Chamayou présente un disque César Franck (chez Naïve) accompagné par le Royal Scottish National Orchestra qui est dirigé par Stéphane Denève. Ce disque a reçu plusieurs récompenses dont l’Editor’s Choice de Gramophone. En octobre de l’année suivante, Bertrand Chamayou sort un second album consacré à Liszt et à l’intégrale de ses Années de pèlerinage qu’il donne également en récital : des soirées de trois heures pour ce cycle sur les scènes du Théâtre des Champs-Élysées à Paris, de l’Auditorium de la Cité interdite à Pékin, du Musikfest de Brême, du festival Piano aux Jacobins à Toulouse, de l’Opéra de Bordeaux, du MC2 de Grenoble, de la Philharmonie de Liège, du Louisiana Museum au Danemark, ou encore de l’Athénée Roumain de Bucarest.
L’album fait parler de lui jusqu’aux Victoires de la Musique Classique et reçoit le prix du meilleur enregistrement de l’année 2012 alors que le pianiste avait remporté le titre de “Soliste instrumental” l’année précédente.
Schubert passe à son tour sous les doigts de Bertrand Chamayou dans un album qui lui est consacré en 2014. C’est de nouveau un succès. Enfin, il se joint à Sol Gabetta pour un album Chopin en février 2015 et vient de sortir l’intégrale des oeuvres de piano de Ravel chez Erato.
Bertrand Chamayou a donc été invité à se produire sur des grandes scènes internationales comme la Salle Pleyel, le Théâtre des Champs-Elysées, le Wigmore Hall, le Lincoln Center de New York, la Herkulessaal de Munich, la Philharmonie de Cologne, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l’Auditori de Barcelone, le Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, le Forbidden City Concert Hall de Pékin ainsi que dans des festivals comme le Klavier Festival de la Ruhr, le Mostly Mozart Festival, le Festival Gergiev de Rotterdam, le Festival de Lucerne, le Mecklenburg-Vorpommern Festspiele, le Musikfest de Brême, la Schubertiade de Schwartzenberg, le Festival de Schwetzingen, le Festival Piano aux Jacobins à Toulouse, le Festival de la Roque d’Anthéron, le Festival de la Chaise-Dieu, le Festival de Besançon, où il remplace au pied levé Krystian Zimerman, le Festival de la Côte Saint-André, le Festival de Radio France et Montpellier qui lui offre une résidence pour son édition 2013.
Toutefois, si la musique classique occupe ses enregistrements, la musique contemporaine est elle aussi restée importante dans son activité et il a travaillé avec certains des plus grands, tels que Henri Dutilleux ou György Kurtag. Il a été invité dans le cadre du festival « Présences » à donner les concertos de Thomas Adès et de Esa-Pekka Salonen. Son activité de chambriste est de même essentielle, et il se produit régulièrement avec ses amis Sol Gabetta, Renaud Capuçon, Daishin Kashimoto, Augustin Dumay, Antoine Tamestit, Gautier Capuçon, Nicolas Baldeyrou, Alexeï Ogrintchouk, David Guerrier, Paul Meyer, Emmanuel Pahud, les quatuors Ebène, Belcea, Ysaÿe…
Nous en avions parlé :
Festival de Saintes : Monteverdi suave et le piano romantique de Bertrand Chamayou à l’Abbaye aux Dames
Page concernant Bertrand Chamayou sur le site de Piano Bleu.