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[Live Report] Olga Peretyatko à Menton : une étoile dans la nuit
Dimanche soir, la soprano russe Olga Peretyatko (que nous avions entendue au TCE en décembre) était accompagnée par le pianiste Giulio Zappa dans le cadre fabuleux du Festival de Menton. Les deux artistes ont offert au public un récital qui a su combler toutes les attentes.
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Après avoir assisté à une brève présentation du programme qui l’attendait, et un aimable “bonsoir” de la part de la cantatrice, le public (dans lequel se trouvait Michele Mariotti, chef d’orchestre et époux de la diva) a pu se laisser aller dans un concert qui frôlait le divin. Rimski-Korsakov ouvrait ce bal où chaque note devenait une étoile cristalline, malgré, il est vrai, des suraigus qui semblaient peut-être légèrement moins à l’aise que d’habitude durant la première partie.
Le premier air, la Berceuse extraite de Sadko, se joint à la mer au loin pour bercer tout un chacun dans une acoustique en plein air absolument remarquable : la voix d’Olga Peretyatko est admirablement soutenue par les notes de Giulio Zappa dans une justesse qui touche droit au cœur. Si la chanteuse excelle dans le bel canto et l’italien, il se passe quelque chose de presque magique à l’entendre dans ces œuvres russes qu’elle embellit en incarnant chaque air qui se succède. Nous les redécouvrions ici, même pour les plus connus, comme par exemple « Aimant la rose, le rossignol » auquel on ne peut être que suspendu (voir le programme complet). Nous sommes alors bien un parterre de roses écoutant le doux rossignol.
Moment de grâce absolu lors de la Vocalise de Rachmaninov, que l’on pourrait aisément qualifier de parenthèse enchanteresse si cette expression ne s’appliquait pas à l’ensemble de la soirée. Les premiers mots de l’air suivant, « Zdiés haracho » (« Comme on se sent bien ici ») traduisent alors une pensée commune.
Cette soirée n’est pas cependant marquée uniquement du sceau russe : certes, Rimski-Korsakov et Rachmaninov sont les plus présents, mais Rossini s’invite également à ce concert avec l’air de Corinna du Voyage à Reims, “Bel raggio lusinghier” de Semiramide ainsi que deux autres extraits du Turc en Italie. Après tout, ce compositeur est mis à l’honneur dans le dernier album de la cantatrice, “Rossini!”, qui paraîtra cette année; comment ne pas l’inclure ici ce soir?
A cette voix extraordinaire se joignent bien sûr deux mains, celles du pianiste Giulio Zappa qui sait magnifier et véritablement soutenir le chant, parvenant à lier la légèreté et la discrétion pour laisser toute la place nécessaire à sa partenaire tout en étant bien présent. Certains moments de piano seul rappellent d’ailleurs toute la dextérité et le talent du musicien, partenaire d’exception pour cette diva exceptionnelle!
Enfin, le duo offre au public deux bis en français, une attention particulière qui permet d’entendre une diction impressionnante de la part d’Olga Peretyatko lors des airs “J’ai vu passer l’hirondelle” et “Je veux vivre”. Superbe conclusion pur un récital de haute volée qui sera retransmis sur France Musique le 28 août prochain à 20h. Réservez votre soirée : ce serait sacrilège que de laisser passer un tel plaisir!
© Christian Merle