Performance
Anne Lise Le Gac et Les Promises au festival Parallèle

Anne Lise Le Gac et Les Promises au festival Parallèle

10 February 2023 | PAR Gautier Higelin

Du 19 janvier au 4 février 2023 se déroulait à Marseille la 13ième édition du festival Parallèle. Réalisé en partenariat avec différents lieux culturels de la ville, le festival continue de mettre en avant le renouvellement des formes et des langages artistiques à travers une programmation multidisciplinaire.

Les Promises au Coco Velten : la rencontre dans tous ses états

Le film documentaire Les Promises est un projet artistique qui appartient à cette catégorie d’œuvres non finies où l’objectif de départ se détourne pour continuer à faire exister, par tous les moyens, un projet humain et social. Débuté en 2019 avec la collaboration d’une équipe d’anthropologie audio-visuelle et six adolescentes du 15ème et 16ème arrondissement de Marseille, le spectacle Les promises avait pour thématique l’exploration et la rencontre de soi et de son environnement à travers la danse. Les conditions sanitaires ayant fini par empêcher toutes représentations, l’équipe a décidé d’utiliser tout ce qui avait été capté par les caméras durant les répétitions pour écrire un film documentaire.

Anthropologie d’un projet artistique

Dans l’espace commun du Coco Velten, à deux pas de la gare Saint Charles, les six adolescentes sont présentes à la fin de la projection en compagnie de l’équipe artistique. Gênées et intimidées par les nombreux applaudissements et sur scène, c’est surtout de la fierté qui se loge au sein de chacune d’elle. Pour une fois, les regards se portent sur elles autant pour le projet auquel elles ont participé que pour la performance et les choix artistiques tels que les textes, les lieux de tournage et les vidéos prisent avec leurs téléphones.

Cette horizontalité hiérarchique dans les choix artistiques se ressent dans le résultat proposé par le film. La parole, les regards, les comportements sont gorgés de sincérité et de fragilité. La liberté délivrée par cette autonomie est foncièrement palpable pour le.a spectateur.rice, offrant ainsi une fenêtre sur la vie de ces filles. Un regard non pas orienté sur la réalité du quotidien mais sur un moment de dépassement de soi, de création et d’interprétation. Une dialectique entre l’individuel et le collectif qui prend comme support la danse. Une tension traverse l’ensemble du film dès lors que l’on perçoit la capacité de la caméra à les pousser en dehors de leur zone de confort pour qu’elles performent des rôles et des affects qui ne leurs sont pas habituels.

Il ne s’agit plus d’un spectacle mais de l’histoire d’un spectacle. Cette histoire est celle d’une aventure humaine, intime et puissante où poser un regard sur soi devient la première étape d’une émancipation future.

La Caresse du Coma, une performance au sein du Montévidéo de Marseille

 Anne Lise Le Gac, soutenue par le festival depuis 2017, propose ici le quatrième volet de son méta-projet nommé La Caresse du Coma. Une œuvre réfléchie sous le concept de featuring, soit une série de rencontres entre différents personnages fictifs.

Dans une vaste salle faite de béton brut et d’une charpente métallique apparente, le public est divisé entre des gens assis sur des coussins au sol et d’autres sur des chaises. Une première manière d’appréhender l’univers proposé par Anne Lise Le Gac : un hôtel spa croate où les résidents sont à la recherche du bonheur.

À mi-chemin entre espace zen et installation vidéo aux accents pop kitsch des années 2000, la performance oscille entre son socle narratif sensé et les péripéties fictives du personnage narré par Le Gac. Dans cette mise en scène, elle est accompagnée par le musicien.ne performeur.euse Lolo Reting pour accentuer l’organicité de son spectacle. Avec son bruitage live autour du souffle, de l’eau et des vibrations, on se retrouve de plus en plus invité à partager son univers. C’est ce qui sera proposé au public : s’installer sur la scène avec son coussin afin de partager un breuvage aux accents mythologiques. Le regard est déporté, la hiérarchie tombe et nous sommes autorisés à nous lâcher, à faire autrement. Le duo finit par entrer dans un rapport magnétique avec de la musique électronique live d’une part et un solo de claquettes de l’autre. Cette dernière scène incarne l’intention affichée par la performance d’Anne Lise Le Gac : la digitale symbiose. Une union entre humain et technologie qui invente de nouvelles manières de faire et de dire. 

 

Visuel : ©Affiche festival parallèle 13, édition 2023. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Gautier Higelin

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