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[Live Report] A l’Opéra de Massy : un Requiem à réveiller les morts
C’est à l’Opéra de Massy qu’il fallait être vendredi soir pour entendre le Requiem de Duruflé, précédé d’un air et d’une symphonie de Mozart interprétés par Stéphanie d’Oustrac, l’Orchestre national d’Île-de-France et le chœur Vittoria, le tout sous la baguette du chef Enrique Mazzola. Avec une telle affiche, on s’attendait à un moment superbe… et c’était finalement encore mieux ! Une soirée divine à en chatouiller les nuages.
Le programme commence très fort avec Alma grande e nobile de Mozart. Deux notes suffisent nous plonger dans l’univers vif et coloré du compositeur allemand et la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac n’a donc aucun temps de répit avant de se trouver face à un public « à froid » : aucun air pour se plonger dans une atmosphère particulière. Cependant, en a-t-on besoin lorsque l’atmosphère en question est mozartienne et que de tels talents la servent si bien ?
La puissance vocale de la cantatrice est impressionnante dans cette salle où elle laisse entendre une diction toujours aussi parfaite et avec une énergie qui ne peut que maintenir l’intérêt du public. L’artiste semble ici portée par le dynamisme de la partition tout en lui donnant de sa force. On assiste donc à un véritable échange porté par un orchestre et une direction musicale très efficace dans une joyeuse harmonie.
Suit La Symphonie n°40 en sol mineur, l’une des plus célèbres au monde, datant de 1788 et appartenant aux trois dernières symphonies écrites par le compositeur. Présenter un tel monument de la musique est toujours périlleux car le public la connaît pour l’avoir entendue de nombreuses fois : il faut donc parvenir à pallier à ses attentes tout en réussissant à s’approprier la partition et bien sûr rester fidèle à l’esprit du compositeur. Enrique Mazzola et l’Orchestre national d’Île-de-France parviennent haut la main à relever le défi grâce à une direction d’une grande efficacité au rendu net et précis.
L’entracte permet alors de reprendre ses esprits après ce moment si intense. Le chœur Vittoria d’Île-de-France prend place sur scène pour le Requiem, op.9 de Duruflé. Après la tourmente aux accents parfois proche de la folie, nous allons chercher une certaine paix, un réconfort dans cet ensemble réunissant tous les protagonistes de la soirée. La douceur des toutes premières notes de l’introduction nous fait déjà frôler la béatitude, mais voilà que surviennent les voix d’hommes du chœur. Nous descendons alors de notre nuage avec cette même sensation peu agréable de marcher pieds nus sur des cailloux après une promenade sur une plage de sable fin. Il manque une certaine union ou peut-être une régularité dans ce chœur qui semble ne pas sonner toujours à l’unisson.
Ne nous méprenons pas : l’ensemble du Requiem reste un moment aux accents de toute beauté, alternant douceur et puissance, la première n’étant tout simplement pas toujours aussi reposante qu’on l’attendrait. L’ « Ozanam in Excelsis ! » est l’un des moments forts, de même que le final, mais le moment le plus notable reste sans conteste le « Pie Jesu » interprété par Stéphanie d’Oustrac. Quelque chose se passe alors, indescriptible. Une sorte de communion, peut-être ?
Photo d’Enrique Mazzola : ©Ted Paczula
Photo de Stéphanie d’Oustrac : ©Perla Maarek