
Festival « Aire de jeu » aux Subsistances de Lyon
Si vous ne connaissez pas encore Les Subsistances, il n’est pas encore trop tard pour vous pencher sur ce « laboratoire international de création artistique consacré aux nouveaux langages du spectacle vivant (danse, théâtre, cirque, musique…) », ce « lieu transdisciplinaire de travail, de création, d’expérimentation et de dialogue avec les publics » accueille pas moins de 70 compagnies par an. Le festival « Aire de jeu » qui s’y déroule jusqu’au 31 janvier souhaite ouvrir la musique contemporaine au plus large public possible, y compris ceux et celles qui n’en sont pas forcément de grands adeptes. Cette année, c’est le compositeur finlandais Kalevi Aho qui est mis à l’honneur et dont l’œuvre sera joué à l’Auditorium le 1er février. Toutelaculture a testé pour vous…
Festival ou non, Les Subsistances ne renient pas leur message premier qui est celui de la transdisciplinarité et du dialogue des arts dans un souci d’accessibilité, tant d’un art pour un public que d’un public pour certains artistes. C’est donc ici l’occasion de découvrir de jeunes troupes, souvent méconnues, d’ici ou d’ailleurs : le collectif Loge 22, Adam Linder ou encore Maud le Pladec et Okwui Okpokwasili proposent trois performances sur la musique de Kalevi Aho.
Ce qui frappe alors, c’est cette volonté d’accessibilité autour de concepts très intéressants. Loge 22 explique ainsi durant sa performance ce qu’ils ont voulu faire, les messages ou les questions qu’ils souhaitent faire passer. Nous apprenons donc que face à l’actualité, ils ont décidés de se bander les yeux et de s’attacher « pour être sûrs d’être bien ensemble », qu’ils considèrent leur dans comme de la « danse de chambre », de même qu’il existe de la musique de chambre, et posent ouvertement une question sur laquelle on ne peut que réfléchir encore après leur performance Rumeur : quelles sont les conditions nécessaires à l’émotion ?
Le projet franco-américain Hunted de Maud le Pladec et Okwui Okpokwasili joué en américain mais surtitré pose également la question, car l’émotion est bien présente, mais comment naît-elle face à la performeuse chantant, dansant, déclamant, ou escaladant le public ? La parole est crûe, on s’interroge sur le sens de ce message incantatoire qui parle de la femme et de son histoire, de sa place depuis l’origine des Temps. En « arrière son », deux accordéons accompagnent, de même que des musiciens sont présents dans chaque performance.
Les musiciens sont d’ailleurs une autre clef de voûte de ce festival, comme du lieu : présents sur scène aux côtés des danseurs parlant, ils sont également mis à l’honneur avec la présence des étudiants du CNSMD de Lyon jouant toujours un air en préambule du spectacle. Dommage que celui-ci ne soit pas présenté, car celui donné avant Hunted mercredi soir faisait naître d’imperceptibles frissons dans le public.
Nul doute que ce genre d’initiative soit à encourager et qu’il s’agisse ici d’une excellente manière de s’essayer à l’art moderne, même pour les plus frileux qui, s’ils n’accrochent, auront au moins l’occasion de voir et de comprendre ce qui est souvent laisser obscur au public non averti et expert.
© Romain-Etienne Item