
“La Métamorphose version androïde” par Oriza Hirata en ouverture du festival Automne en Normandie
Pour sa dernière édition (sous cette forme), le festival Automne en Normandie , dont le thème de cette année est “L’humain e(s)t l’artificiel” s’ouvre avec une pièce forte, La Métamorphose d’après Kafka, avec, dans le rôle titre, un androïde de dernière génération créé par Hiroshi Ishiguro, célèbre professeur de l’université d’Osaka, connu pour ses géminoïdes.
La pièce, jouée en français, a été mise en scène par Oriza Hirata. Le jeune héros se réveille un matin transformé en robot incapable de se mouvoir. Sa famille, médusée, passe par différents stades émotionnels : incrédulité, rejet, colère, acceptation, gêne, embarras, peur, etc. Le temps passe et divers questionnements surgissent : qu’est-ce que l’humain (organisme vivant, importance de l’esprit et des émotions) et le non humain, ainsi que sur le rôle des humains et des machines.
“Je suis un robot et je suis incapable de travailler. Le dieu des robots est bien cruel”.
Le héros se pose de nombreuses questions sur sa nouvelle condition et la perte progressive de son humanité, et ses craintes sont nombreuses. Parallèlement, la famille fait face à des questionnements propres sur fond de guerre méditerranéenne : la gréve, le chômage, la délocalisation de l’emploi, la confrontation avec des réfugiés, le passage à l’âge adulte.
“Si la guerre était faite par des robots, elle ne finirait jamais”
Cette confrontation homme-machine soulève plusieurs problématiques dans un monde où les organes artificiels se développent, où les machines sont de plus en plus utilisées dans l’industrie et dans l’armée pour le meilleur et pour le pire. La tragédie de Fukushima est également évoquée.
Le public a été en partie étonné par la présence sur scène du robot et par son jeu.
Il n’est pas étonnant que le sujet de la frontière entre l’humain et l’artificiel, mais également la place du robot dans la société du futur dans un pays où ces questions tiennent d’ores et déjà une place importante, ait pu intéresser deux japonais. Ce n’est toutefois pas la première fois que des robots de ce type sont inclus dans des pièces du festival d’automne en Normandie (Trois sœurs version Androïde en 2012) La pièce perd peut-être en absurde et en noirceur mais gagne en contemporanéité. Moins pessimiste, l’on regrette un peu les réactions de la mère et de la sœur qui manquent un peu d’intensité.
Informations pratiques :
La Métamorphose version androïde par Oriza Hirata, 12, 13 et 14 novembre 2014, CND de Haute-Normandie Théâtre de la Foudre Petit-Quevilly, de 8€ à 30€
Visuels : La Métamorphose version androïde – Oriza Hirata © Madoka Nishiyama