Chanter pour survivre, la voix de Billie Holiday par Viktor Lazlo
Viktor Lazlo, chanteuse et romancière, sort son deuxième roman, My name is Billie Holiday aux éditions Albin Michel. Après La femme qui pleure, qui reçu le prix Charles Brisset en 2010, elle revient sur ses thèmes de prédilection : la femme et ses souffrances. L’occasion pour elle de nous plonger avec violence et passion dans l’univers de l’icône du jazz Billie Holiday.
My name is Billie Holiday est avant tout un spectacle musical que Viktor Lazlo a créé à Bruxelles en 2011. Seule en scène, la chanteuse racontait au public la vie d’une femme habitée par la grande icône du jazz. Tour de chant ponctué par les plus grands standards de Billie Holiday, le spectacle a connu un très grand succès.
De cet amour viscéral pour ce personnage charismatique est né ce roman. Viktor Lazlo y raconte, à travers la vie de Billie Holiday, deux destins de femmes, deux histoires de solitude.
Dans l’Amérique des années 70, Sarah, adolescente et fille unique, vit dans un univers plein de non-dits et de secrets. Ses parents, êtres blessés par le passé, ne se parlent plus. De leurs souffrances, on ne sait presque rien. Qu’est-il arrivé à cette mère autrefois pleine de vie pour tomber dans la résignation ? Pourquoi ce père si amoureux de jazz a-t-il enfermé ses vinyles au fond d’un placard ? L’atmosphère pesante du foyer où rien ne se passe va voler en éclat avec la découverte par Sarah d’un livre pourtant bien caché : la biographie de Billy Holiday, dédicacée à son père.
De cette découverte, Sarah va voir sa vie bouleversée à jamais. Découvrant la vie tragique de la grande chanteuse de jazz, l’adolescente va s’identifier avec violence et découvrir un monde qu’elle ne soupçonnait pas. Levant le voile sur le passé de ses parents, elle découvre l’obsession de son père pour Billie et leur amour impossible.
Gardant précieusement cette biographie comme livre de chevet, Sarah va prendre son envol, quitter l’Angleterre pour réaliser son rêve : chanter, elle aussi. Débarquée à Paris, son destin tragique fait étrangement écho à celui de Billie Holiday. Entre shoots d’héroïne et histoires sordides, Sarah va se rapprocher de celle qui est au cœur de sa propre histoire.
Comme un souffle qui traverse les ans, c’est par la voix de l’icône tant aimée que Sarah trouvera enfin le chemin de l’apaisement. « Chante, chante comme si ta vie en dépendait. Chante juste, chante faux, on s’en fout. »
S’inspirant librement de la vie de Billie Holiday, Viktor Lazlo nous transmet avec passion son amour de la musique et du Jazz. En nous plongeant dans l’Amérique noire des années 50 à 80, elle mêle avec justesse deux destins de femmes réunies par la solitude. Et comme elle le dit si bien elle-même : « Il y a quelque chose d’arachnéen qui lie les femmes à travers leurs souffrances. Et même si elles n’ont pas vécu les mêmes dans la réalité, elles sont connues, entendues, ressenties. »
My name is Billie Holiday, de Viktor Lazlo, Albin Michel, 177p., 16 euros.