Arts
Ouverture du frileux département des Arts de l’Islam au Louvre

Ouverture du frileux département des Arts de l’Islam au Louvre

20 September 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En 2002, Jacques Chirac, alors président de la République avait souhaité donner une place importante aux arts de l’Islam. Le choix s’était naturellement porté vers le Louvre, le département devant « conforter la vocation universelle de cette prestigieuse institution » et rappeler » aux Français et au monde l’apport essentiel des civilisations de l’Islam à notre culture ». Le 22 septembre, le département réalisé par les architectes  Rudy Ricciotti et Mario Bellini ouvrira au public.

Réparti sur deux niveaux, le département est recouvert d’une verrière en forme de « voile ondulant et luminescent » pour reprendre les termes employés par Mario Bellini. Exact. La cour Visconti qui était jusque-là laissée à l’air libre devient suite à des fouilles pharaoniques un musée au ciel bas. Jusqu’à présent, les 10 000 œuvres que possède Le Louvre n’étaient que peu montrées, seulement 1 300  étaient dispatchées dans l’ensemble du musée.  Aujourd’hui, elles sont rassemblées dans un espace dédié, ayant intégré en leur sein la collection des Arts décoratifs. Le but est dans les mots d’Henry Loyrette, président-directeur du musée du Louvre “de présenter la face lumineuse d’une civilisation qui engloba en son sein une humanité infiniment variée et riche”. La notion de passé est assumée.

De façon cohérente, Sophie Makariou choisit de prendre le sens du mot “Islam” dans ses deux acceptations : à la fois la sphère religieuse et civilisation. Le parcours se place de façon chronologique, englobant un territoire vaste qui va de L’Inde à l’Espagne.  Les objets montrés viennent logiquement illustrer les deux définitions. Nous trouvons à la fois des céramiques, des fioles et de façon plus rare, des textes (poèmes, traités politiques).

La première partie, lovée sous la courbe dorée court de 632 à 1000, De la fondation à l’Empire. Dès les premières heures jusqu’à l’explosion du shiisme l’attention est portée vers la sculpture. On apprécie notamment le superbe ventail de porte du Dar al-Khalifa de Samarra, palais immense. Sa hauteur prouve la puissance déjà installée de l’islam le long du Tigre. La seconde partie nous fait descendre sous terre, dans un grand espace où s’amoncellent les vitrines. Nous accédons à la rupture et à la recomposition du monde islamique de 1000 à 1250. Les princes se montrent. On remarque une tête princière du XIIe siècle, en Iran. L’accent est mis sur les enluminures, magnifiques, notamment celles présentes sur l’accord passé entre L’Empire Ottoman et la république de Raguse en 1604. Le panneau tout en longueur est composé d’encre, de pigments et d’or. On apprend ainsi que les “actes officiels de l’Empire Ottoman étaient sommés d’une tugrha, composition calligraphique donnant les noms et titres du Sultan régnant”. La troisième partie  se concentre sur le figuratif, elle couvre Le deuxième souffle de l’Islam, 1250-1500, période d’invasions par les Mongols et les Gengis. Grenade chute. On trouve naturellement des incursions extérieures tel ce baptistère de Saint Louis, dans lequel Louis XIII reçu le baptême. Il est entièrement ciselé faisant l’éloge des combats des croisades, menées par Louis IX. Enfin, la quatrième et dernière partie est la plus flamboyante, clôturée par un mur ottoman de 12 mètres de long composé de 2000 carreaux. Véritable puzzle, il aura fallu aux conservateurs des années pour le reconstituer. Egalement, une prestigieuse collection de tapis de prière est une preuve supplémentaire de la puissance du monde islamique au XVIe siècle.

La sensation de ce parcours laisse sur sa faim. Aucun  lien n’est fait avec l’art d’Islam contemporain et tout s’organise comme s’ il était question d’une civilisation morte. Cette idée est renforcée par la réorganisation des salles. Le département est entouré des salles consacrées à L’Orient méditerranéen à l’époque romaine.  On regrette infiniment qu’aucune mention ne soit faite de l’actualité d’une pratique artistique en terres d’islam aujourd’hui. De plus, le choix muséographique d’un amoncellement de vitrines joue le jeu d’une répétition fatigante, inévitable par le choix tronqué de faire un parcours chronologique plutôt que thématique.

Visuel (c) La verrière- ABN

 

 

 

 

 

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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