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Trafic d’œuvres d’art : Le Louvre n’est pas une affaire isolée

Trafic d’œuvres d’art : Le Louvre n’est pas une affaire isolée

07 June 2022 | PAR Zoe Grandjacques

Fin Mai Jean Luc Martinez, ex-directeur du Louvre et actuel ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine notamment rattaché à la lutte contre le trafic illicite des biens culturels a été mis en examen pour du trafic illégal d’objets et d’oeuvres de l’Antiquité.  Un scandale qui secoue le monde de l’art mais qui est bien loin d’être un cas isolé.

Scandale au Louvre

Le 25 mai, Jean Luc Martinez, dirigeant du Louvre de 2013 à 2021, a été placé en garde à vue pour « blanchiment » et « escroquerie en bande organisée » , avec deux autres éminents égyptologues, dans les locaux de l’Office Central de Lutte contre le trafic des Biens Culturels (OCBC). À la suite de cette affaire, bien qu’il assure son innocence, il a été démis de ses fonctions par le Ministère de la culture le 3 juin et principalement retiré du « volet relatif à la lutte contre le trafic illicite des biens culturels ».

Les œuvres concernées par ce trafic, à l’heure actuelle, sont cinq pièces égyptiennes acquises par le Louvre d’Abu Dhabi, dont une stèle en granit rose de Toutankhamon. L’ancien directeur aurait fermé les yeux sur des faux certificats d’authenticité qui ont permis la vente de ces pièces achetées pour 15,2 millions d’euros. 

Un pillage général 

Ce scandale s’inscrit dans un contexte plus large de trafic d’œuvres d’art et d’affaires de pillage. Vincent Michel, professeur d’archéologie et formateur des services spécialisés de police, de justice et des douanes, déclare à France Info que « les sites archéologiques sont devenus de véritables supermarchés à ciel ouvert ». Il ajoute que le trafic mondial est « impossible à chiffrer » et porterait sur « des dizaines voire des centaines de millions d’euros ».

Depuis 2018, une enquête a été ouverte par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du parquet de Paris sur des pièces provenant des pays du Proche et Moyen orient. L’enquête vise à déterminer la provenance de milliers de pièces qui auraient pu être pillées puis revendues par le biais de faux certificats d’authenticité garantissant leur exportation.

L’expert en antiquité Christophe Kunicki et son mari ont étés mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Il aurait blanchi la stèle de Toutankhamon achetée par le Louvre d’Abu Dhabi mais aussi de nombreuses autres pièces provenant d’Egypte, de Lybie, du Yemen et de la Syrie. L’instabilité politique de ces pays a permis un pillage d’objets anciens qui sembleraient s’être intensifié ces dernières années. D’autres experts ont étés investis, comme Roben Dib  placé en détention provisoire en mars dernier pour les mêmes motifs. Ces derniers sont suspectés d’avoir participé au blanchiment d’un sarcophage égyptien volé, vendu à 3,5 millions de dollars au Met de new-York en 2017. Le Met l’avait restitué à l’Egypte en 2019. 

Des résolutions pour lutter contre ce trafic

Face à ce scandale le Louvre rappelle dans un communiqué « l’engagement total, continu et reconnu des équipes scientifiques du Louvre pour lutter contre le trafic illicite de biens culturels » et l’avocat du Louvre d’Abu Dhabi place son client comme « la première victime ». D’un autre côté, Paris engage une enquête annoncée par le ministère de la culture pour évaluer les procédures d’acquisition des biens culturels. Les résultats de cette enquête devront être communiqués au cours de l’été. 

© Visuel : Par Benh LIEU SONG (Flickr) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10213567

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