
Une Nuit, un ripou honorable dans les soirées parisiennes
Philippe Lefebvre signe un drame impressionnant de réalisme, au rythme difficile à cerner (ce qui le rend d’autant plus haletant), dans un Paris pourri jusqu’à la moelle, où la couleur prédominante est le gris pavé/costume trois-pièces/porte de boîte de nuit.
La nuit tombée, Simon Weiss, se réveille, va chercher son courrier, allume une cigarette, et va travailler. Simon n’est pas ouvrier aux trois 8, ni dealer, ni prostituée. En tant que commandant de la Mondaine (Brigade de répression du proxénétisme), son travail est justement de réguler l’activité de celles-ci, tout en les protégeant des précédents, afin de préserver la face de la ville pour ses habitants diurnes.
Malgré sa notion précise de l’honneur et sa faible tolérance au banditisme, Simon Weiss (Roschdy Zem) est un habitué des pots de vin, des indicateurs louches, des autorisations administratives forcées, de la couverture de trafic de drogue et des marchandages avec la mafia et les avocats véreux.
Mais contrairement aux apparences, il n’y a rien de facile dans son métier. Traqué par l’Inspection Générale des Services, la “Police des Polices”, menacé de trahison par ses indics et ses amis, Simon ne compte que sur ses meilleurs amis de la nuit (tels Tony Garcia le roi des cabarets et peep shows, “La Vieille” et Solange, deux hommes qui n’ont rien à envier aux protagonistes de la Cage aux Folles), et accorde le bénéfice du doute aux jeunes policiers qui évoluent craintivement dans cet univers trouble.
On ne peut condamner l’attitude du commandant Weiss si l’on comprend ses motivations : protéger sa famille et mettre à l’abri ses informateurs. Il connaît mieux la rue et les boîtes de nuit que les truands eux-mêmes. Capable de retourner toute la ville en une nuit pour mettre la main sur un truand, ce n’est pas la présence d’un témoin, et encore moins son chauffeur fourni par la police, qui le gênera pour faire régner l’ordre plus que la loi.
Ce soir-là, c’est Laurence Deray, une jeune mère de famille au courage d’acier trempé malgré sa faible expérience, qui lui a été assignée comme conductrice. Une soirée en apparence calme va vite tourner à la virée endiablée.
Avec un scénario sans faille, un Roschdy Zem époustouflant, des images de Paris by Night à rappeler de longues nuits plus ou moins pénibles à ses spectateurs et un suspense non gâché par les mauvaises performances de Sara Forestier et Samuel Le Bihan, “Une Nuit” plaira à tous ceux qui ont déjà ressenti de l’amour et du dégoût pour les bas-fonds de Paris, empestant l’argent, la drogue, le stupre et la malhonnêteté (aussi bien policière que civile), mais aussi la fête, le raffinement et le travail acharné. Les oiseaux de nuit, sales ou immaculés, se retrouvent tous dans ce film qui entraîne, sans jamais préciser l’heure de ses événements (encore une fois, ce qui lui donne un rythme parfait), le spectateur à travers le médiocre et le pire de la capitale.
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