“Enfant” : Boris Charmatz fait danser les symboles
Danseur, chorégraphe, Boris Charmatz est aussi depuis le 1er janvier 2009, directeur du centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, transformé sous son impulsion en Musée de la Danse. A Avignon, il est l’artiste associé Festival et présente jusqu’au 12 juillet, sa création Enfant dans la mythique Cour d’Honneur ( voir notre entretien)
Boris Charmatz n’avait pas prévu “la cour”, mais en la voyant se monter au printemps; face au ballet des grues passant par dessus les hauts murs, lui vint une idée folle. Faire danser les machines, mettre des corps inertes en mouvement et au centre, amener 26 enfants sur le plateau.
“Enfant” au singulier, jeté comme un concept, Boris Charmatz raconte que le terme appelle aujourd’hui des moments d’angoisse tel la pédophilie, le travail forcé, la maltraitance. Mais l’enfance c’est aussi la joie, la fragilité , l’avenir.
Au début du spectacle il y a la grue qui déchire les murs de la cour avant de soulever les corps puis les jeter sur un grand tapis roulant. Cette première image fait immédiatement référence à la Shoah, au moment ou les corps sont jetés dans les fosses.
La scène continue de se noircir. Dans les bras des adultes désormais debout gisent des enfants comme des objets.
“Enfant” dérange , perturbe et en même temps fascine dans une belle attirance vers le mal. Charmatz évoque la pédophilie avant de libérer les enfants happés par un cornemusiste , référence clair à la chère Bretagne dans laquelle Charmatz a installe son musée de la danse.
“Enfant” grave des images fortes, faisant appel à nos peurs et nos interdits. Les danseurs dans leurs mouvements font référence aux robots à moins que ce ne soient des militaires qui s’effondrent devant nous.
Bravo!
Visuel (c) Christophe Raynaud De Lage
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