
Festival Prémices : Abattoir à La rose des vents
Sur le plateau de La rose des vents, une jeune femme partage avec le public les souvenirs de son enfance à Courrières. Entre humour et nostalgie, Bernadette Appert dresse le portrait d’une petite bourgeoisie qui tire son revenu d’une activité un peu hors du commun : l’abattage de volailles.
Dans ce spectacle qu’elle a elle-même écrit, Bernadette Appert replonge dans le monde de son enfance, entraînant le public avec elle sur le chemin de ses souvenirs. La voix de l’adulte rencontre parfois celle de l’enfant, croisant les émotions présentes et celles du passé. Devant des photos de famille projetées sur un grand écran, la jeune femme retrace l’histoire de sa famille à Courrières : les beaux mariages et les mésalliances, les réussites et les membres de la famille que l’on préfère oublier, les coutumes et les habitudes de l’enfance qui restent ancrées dans notre mémoire.
Puis, alors qu’elle déroule le fil de ses souvenirs, Bernadette Appert passe dans un autre monde, dissimulée derrière un haut rideau de plastique : celui de la chaîne d’abattage, là où travaillaient ses parents. Terreurs inavouées de la petite fille que l’on appelait “poulette” alors que l’on abattait les volailles à la chaîne… l’enfant explore le monde, éprouve les limites de tout ce qui est défendu, interdit par les grands : un pont se crée alors, dans le récit, avec la naissance inavouée du désir et de l’amour, fragments d’un discours amoureux qui se dit dans la répétition, l’obsession. Là se trouve peut-être la faiblesse de la pièce : si tout ce qui touche à l’enfance tombe juste, les parties consacrées au désir amoureux semblent moins vraies, moins authentiques.
Avec une écriture poétique, qui esquisse plus qu’elle ne dit, qui trouve le ton juste en testant les mots, en les répétant plusieurs fois pour être sûre de trouver le bon – ce qui permet également un bien joli jeu sur la langue, Bernadette Appert crée un univers charmant, aussi nostalgique que plein de fraîcheur. Cette écriture simple et vraie est portée par une scénographie qui met, sur le même plateau, les crochets froids du boucher avec la beauté simple d’un océan de plumes blanches.
Ainsi, derrière un titre aussi froid qu’effrayant, Bernadette Appert crée un spectacle plein de charme et de beauté, alors que se tisse, entre elle et son public, le sentiment d’une fragile intimité, qui tient le temps de la pièce. On en ressort charmé.
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Photos © Sébastien Pouilly
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