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Le Havre-New York en quatre jours

Le Havre-New York en quatre jours

01 February 2018 | PAR Sarah Lapied

La traversée de l’Atlantique en pensée: c’est ce qu’a proposé du 18 au 21 janvier le festival littéraire Le Goût des Autres, qui a lieu tous les ans au Havre, en Normandie, et qui a accueilli cette année non seulement des auteurs vedettes, mais aussi un monument de la littérature contemporaine, l’écrivain Paul Auster.

La toile tendue du chapiteau du Magic Mirrors ondule et claque parfois bruyamment, faisant grincer les mâts qui la soutiennent. Nous sommes au Havre, une ville les pieds dans l’eau, au bout des anciens bassins de commerce, et le vent hivernal s’est invité au festival littéraire Le Goût des Autres. Un événement que sa directrice artistique, Rozenn Le Bris, décrit comme « un festival à taille humaine mais avec une programmation exigeante ». Cette septième édition est consacrée aux littératures new-yorkaises.

Des invités de marque

Dans la salle circulaire tapissée de miroirs qui lui donnent son nom, les spectateurs ont pour la plupart dépassé la cinquantaine. Les vitraux en guise de fenêtres et le velours rouge sombre confèrent une atmosphère intime aux rencontres et conférences qui rythmeront ces quatre jours. Pourtant, les auteurs invités pour cette édition 2018 sont loin d’être des anonymes : Maylis de Kerangal, enfant du pays et auteure de « Réparer les vivants » adapté au cinéma, R.J. Ellory, spécialiste britannique du polar ou encore Enki Bilal, l’un des plus grands noms de la bande dessinée. Les deux figures de proue du festival : les Américains Paul Auster et Siri Hustvedt. C’est pour le premier que certains festivaliers se sont déplacés, parfois de toute la Normandie. Son dernier roman, 4,3,2,1, paru l’année dernière aux Etats-Unis, est un succès critique qui vient d’être traduit en français chez Actes Sud. Plusieurs lectrices admettent être venues en particulier pour rencontrer Paul Auster, dont elle sont « fans depuis au moins 25 ans ». Pour l’une d’entre elles, « c’est l’occasion de le voir en vrai, de mettre un visage sur un nom d’auteur ».

Parmi les Normands venus écouter Paul Auster répondre aux questions d’Arnaud Laporte, journaliste à France Culture, il en est un qui n’est pas passé inaperçu : le Premier ministre et ancien maire du Havre Edouard Philippe a tenu à faire une courte apparition sur scène pour rappeler que la venue de l’écrivain, unanimement considéré comme l’un des plus talentueux de sa génération, lui tenait particulièrement à cœur. « Au printemps 2016, je me suis rendu à Brooklyn pour rencontrer Paul Auster et pour essayer de le convaincre de l’intérêt évident qu’il trouverait à venir au Havre en janvier 2017 dans le cadre de ce festival. J’ai lamentablement échoué : il ne pouvait pas venir à ce moment parce qu’il était trop occupé, mais il m’a promis de venir plus tard», explique-t-il devant un public qui le connaît bien et qui semble apprécier son humour : « Vous savez, dans le milieu dans lequel j’évolue, les promesses… ».

New York, New York ?

De New York, ou du Havre, il sera finalement peu question dans le Grand Entretien que Paul Auster donnera devant une salle pleine à craquer ; les nombreuses interviews que l’auteur a accordées aux médias français pendant son séjour donnent également un léger goût de déjà-entendu à ce jeu de questions-réponses. Pourtant, selon Rozenn Le Bris, les liens entre la Grosse Pomme et la ville normande sont multiples : « l’année dernière, le festival tournait autour des littératures dans toutes les Amériques. Cette année, on a décidé de s’arrêter à New York, car les liens entre New York et Le Havre sont évidents : c’était la porte entre l’Ancien et le Nouveau Monde, l’Amérique, et puis au plan architectural, ces deux villes ont des similarités, toutes proportions gardées, évidemment ! ». Luc Lemmonier, nouveau maire du Havre, parle de « deux territoires à la géométrie semblable, avec ses angles droits, ses parallèles, ses perpendiculaires, et son quadrillage de rues qui fuient vers la mer. » Ce n’est pas un hasard si l’on compare parfois la moderne église St-Joseph, dont la tour de béton gris s’élance vers le ciel, à l’Empire State Building…

Dans les esprits, l’Amérique n’est en effet pas si loin du bout du quai des Antilles. Une spectatrice commente : « Etant havraise, le thème de New York m’évoque immédiatement les transatlantiques. Quand j’étais enfant, j’allais parfois sur les anciens quais pour regarder les bateaux, apercevoir des gens célèbres. Et puis quand on habite au Havre, au bord de la mer, on garde en tête qu’en face, il y a l’autre monde, les Etats-Unis… ».

Photos : Sarah Lapied

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