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“Basket Case”: Classique du cinéma d’horreur underground new-yorkais !

“Basket Case”: Classique du cinéma d’horreur underground new-yorkais !

10 October 2016 | PAR Gregory Marouze

Cette semaine Toute La Culture met en lumière le cultissime Basket Case de Frank Henenlotter ! Le film fait partie d’une nouvelle collection DVD et Blu-Ray éditée par Carlotta: Midnight Movies – en référence aux légendaires séances de minuit et à leurs films « autres » -. La collection se destine aux nostalgiques de la VHS, des bandes gore, trash, déviantes des années 80. Retour sur Basket Case, le délire poético-bizarro-tragico-rigolo de Henenlotter !

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L’auteur de ces lignes – âgé d’une quarantaine d’années – fait partie d’une génération qui a découvert toute une série de films à la glorieuse époque du magnétoscope et de ses systèmes Bétamax, V2000 et VHS ! Ces années 80 correspondent à la chute simultanée de beaucoup de ciné-clubs, de la pellicule super 8 (le cinéma des familles et réalisateurs amateurs), des salles X.

Quand on a douze ans à cette époque, on rêve devant les affiches de Massacre à la Tronçonneuse, Zombie, Inseminoïd, Evil Dead, … Des films tous interdits aux mineurs.

La vidéo arrive donc à point nommer pour sauver les jeunes aficionados de films défendus ! Aussi, pouvons nous voir toute une série de longs-métrages (beaucoup édités par René Chateau) strictement interdits aux moins de 18 ans.

C’est en référence à ces glorieuses années 80-90 que Carlotta édite des DVD et Blu-Ray de ces films pour la première fois en master haute définition. Mais en respectant les formats d’époque. Et avec un DTS audio qui respecte le son mono d’origine.

Basket Case ne déroge pas à la règle – pas de 16/9, mais un format d’image 1 :33 (ou 4/3 si vous préférez) comme à l’époque des cassettes vidéo.

Basket Case – titre français : Frère de Sang – est l’un des fleurons d’un cinéma underground américain. Il fit les délices d’une poignée de cinéphiles-cinéphages qui cherchaient autre chose à se mettre sous la dent que le dernier Godard (avec tout le respect qu’on lui doit).

Frank Henenlotter qui réalise le film, plante sa caméra dans le New-York interlope qu’il connaît bien (il y est né le 29 août 1950). Le New-York de Henenlotter c’est celui des putes, des dealers de crack, des hôtels miteux, des peep-shows, de la misère sociale, de toute une poignées d’individus très éloignés du rêve américain.

Quand le film sort – il date de 1982 – ceux qui le voient ont l’impression de se prendre un véritable “shoot” !

Au croisement du cinéma de Cronenberg, Scorsese, Paul Morrissey, Ferrara, John Waters, Herschell Gordon Lewis disparu le 26 septembre 2016 à l’âge vénérable de 90 ans – et même Cassavettes, le cinéma de Henenlotter ne ressemble pourtant à aucun autre.

Basket Case raconte la relation douloureuse, traumatique, drôle, perverse, télépathique, tragique de Duane et son frère siamois Belial. “Grâce” à une opération chirurgicale, Duane en est séparé et trimballe désormais son frère dans un panier en osier.

Avec cette histoire bien barrée, le jeune cinéaste – dont le budget d’une dizaine de milliers de dollars ne couvrirait même pas les frais café du dernier Besson- nous fait passer du rire aux larmes, de l’horreur la plus crade, à la candeur la plus rafraichissante.

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Qu’en est-il aujourd’hui de Basket Case ? Le film a-t-il bien vieilli ? Pour être honnête, Basket Case a pris un léger coup de vieux. Mais paradoxalement, cela accentue la puissance du film. L’aspect trash de sa photo n’en est que renforcée (on tournait en pellicule les gars, pas en numérique). Les effets spéciaux transpirent la débrouillardise. Utilisons d’ailleurs plutôt le terme plus approprié de trucages. Pour donner vie à Belial, Henenlotter se sert sur certaines scènes d’une marionnette et sur d’autres de trucages en stop-motion comme sur les grands classiques du magicien de cette technique, Ray Harryhausen.

Basket Case n’a rien perdu de sa force subversive, de son nihilisme. Il se regarde aujourd’hui comme un document sur une époque révolue, un New-York pas tant filmé que cela au cinéma. Celui des laissés-pour-compte, des crados et clodos.

Henenlotter réalise par la suite deux séquelles (le terme convient bien) à Basket Case. Moins forts que l’original, les films ne sont tout de même pas à négliger car ils démontrent l’envie, l’obsession d’un cinéaste de la marge à tourner coûte que coûte. Henenlotter signe même un remake érotico-punk de Frankenstein au titre évocateur de Frankenhooker ! Ces films sont également édités par Carlotta.*

Henenlotter a également réalisé le génial Brain Damage et quelques autres films qu’on adorerait voir réédités à Toute La Culture.

Si vous êtes nostalgiques de ce cinéma underground et de la VHS, on imagine que vous êtes déjà sur la route de votre revendeur de Blu-Ray favoris. Si vous n’avez pas connu ces temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, foncez ! Vous allez découvrir un cinéma détonnant !

Grégory Marouzé

* On regrette que ces DVD et Blu-Ray (au prix modique de 14,99€) n’offrent en bonus que des bandes-annonces remasterisées. On sait que l’idée est de retrouver l’esprit de la VHS mais nous aurions aimé – tout particulièrement sur Basket Case – quelques documentaires ou commentaires audio en suppléments. Il y a tant de choses à raconter sur ces films.

Basket Case de Frank HENENLOTTER | États-Unis | 1982 | 91mn | Couleurs | 1.33

Scénario : Frank HENENLOTTER

Avec : Kevin VANHENTENRYCK, Terri Susan SMITH, Beverly BONNER

Musique : Gus RUSSO

Directeur de la photographie : Bruce TORBET

Producteur : Edgar IEVINS

Autres sorties de la collection Midnight Movies : Le Scorpion Rouge, Maniac Cop, Blue Jean Cop, The Exterminator. D’autres suivront…

Visuels: Photos Basket Case © 1982 BASKET CASE PRODUCTIONS. Tous droits réservés.

Bande-annonce Films Frank Henenlotter / Visuels Blu-Ray © Carlotta Films

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Gregory Marouze
Cinéphile acharné ouvert à tous les cinémas, genres, nationalités et époques. Journaliste et critique de cinéma (émission TV Ci Né Ma - L'Agence Ciné, Revus et Corrigés, Lille La Nuit.Com, ...), programmation et animation de ciné-clubs à Lille et Arras (Mes Films de Chevet, La Class' Ciné) avec l'association Plan Séquence, Animateur de débats et masterclass (Arras Film Festival, Poitiers Film Festival, divers cinémas), formateur. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, juré du Prix du Premier Long-Métrage français et étranger des Prix de la Critique 2019, réalisateur du documentaire "Alain Corneau, du noir au bleu" (production Les Films du Cyclope, Studio Canal, Ciné +)

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