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Ill Manors, la brillante cour des miracles de Ben Drew (plan B)

Ill Manors, la brillante cour des miracles de Ben Drew (plan B)

01 April 2013 | PAR Yohann Marchand

Noir, c’est noir, il y a encore de l’espoir. Ma cité londonienne va cracker. C’est ma faute, car toute société à les criminels qu’elle mérite.

Sur papier Ill Manors a tout du film casse-gueule. L’archétype du film social engagé qui vous plonge dans les bas-fond pour mieux porter en lumière les défaillances politiques de ces «tous pourris» qui nous gouvernent. Un docu-fiction enragé sous le flow d’un Plan B qui fait ses premières armes derrière la caméra.

Plan qui ? Plan B, aka Ben Drew, aka le Eminem anglais. Ill Manors serait donc un pamphlet en mode Kaïra d’une génération perdue produit de son environnement, comme aime le souligner son auteur – rappeur. Sur papier tout paraît cliché. Encore faut-il se rappeler qu’un cliché est une image stéréotypée qui a existé. Un lieu commun que Ben Drew dissèque avec intelligence en se jouant de nos aprioris. Car c’est dans sa surenchère clippesque, aussi prévisible que crainte, que réside la force d’Ill Manors. Malgré des interludes rapées, prétexte à nous dévoiler le passif de ses anti-héros. Et de ces airs de pur produit MTV pour kids. Ill Manors casse en réalité le mythe du Gangsta londonien, au profit d’une mise en scène plus épurée qui transcende le cliché.

Bienvenue dans le quartier de Forest Gate où Aaron, un mec sans histoire est embrigadé dans celles des autres. Vous croiserez Ed la tête brulée, Michelle la prostituée, Chris le dealeur fou, Jack le jeune délinquant, Kirby l’ex taulard et même les futurs J.O de Londres. Tout est lié. Ben Draw fait mine de s’embourber dans une première demi-heure au rythme haché, avant d’user d’une astuce narrative qui redistribue les cartes et complexifie l’intrigue. Chaque personnage a ses motivations, quelles soient louables ou criminelles, elles sont régies par l’instinct de survie. Faut-il pour autant blâmer l’individu, la société ou les deux ? Ill Manors capte ces moments de vie, troublant de par leur vérité, et qui mènent à une réflexion politique. Le constat est alarmant mais loin d’être manichéen.

Ça vous rappelle quelque chose ? Cette description chorale d’un environnement qui s’alimente au quotidien de ses propres défaillances pour évoluer vers un avenir certain. Un Etat prêt à imploser mais dont les citoyens ont encore foi en une valeur désuète, l’humanisme. Oui, Ill Manors a la sagesse de la série The Wire. Ben Draw réalise une fresque sombre mais empreint d’espoir. Une descente aux enfers qui donne foi en un avenir meilleur. Reste une question : comment y parvenir ?

Ill manors, de Ben Drew, avec Riz Ahmed, Ed Screin, Natalie Press, Grand-Bretagne, 2012, Distrib films, sortie le 3 avril 2013.

 

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