Cinema
Dvd : Talk Radio, un thriller inédit d’Olivier Stone sur la liberté d’expression

Dvd : Talk Radio, un thriller inédit d’Olivier Stone sur la liberté d’expression

07 January 2012 | PAR Yaël Hirsch

Tourné avec peu de moyens après Platoon et Wall Street, “Talk Radio” (1988) est un thriller sur les émissions de radio qui donnent librement la parole aux auditeurs. Co-écrit et joué par le stand up comedian Eric Bogosian (New-York , section criminelle) , ce film à petit budget est un ovni dans la filmographie pharaonesque du réalisateur d’Alexandre. Il touche un sujet crucial, er réussit à mettre très mal à l’aise, mais s’essouffle vite. Sortie le 18 janvier 2012.

Ancien vendeur de fringues, Barry Champlain (Eric Bogosian, brillant!) tient depuis 5 ans le talk radio le plus écouté de Dallas. Chaque soir, des dizaines d’auditeurs appellent pour confier leurs malheurs, leurs opinions politiques douteuses et pour injurier copieusement l’animateur de l’émission. Véritable lion dans la cage d’acier des locaux de la radio, Champlain sait aboyer, répliquer, couper court, et fait front avec sang-froid à toutes les injures antisémites. Il défend des positions très libérales et individualistes, avec cynisme et intelligence. Mais aussi avec beaucoup d’agressivité, d’égotisme et il prend très facilement la grosse tête, n’hésitant pas à maltraiter sa productrice et maîtresse (Leslie Hope), son ex-femme (Ellen Greene) son ingénieur (John C. McGinley de Platoon et Scrubs!) et son boss (Alec Baldwin, toujours aussi mauvais). Alors que le succès de l’émission lui ouvre les voies des ondes nationales, l’animateur commence à recevoir des menaces de morts illustrées de croix gammées.

Monologue de théâtre revu et corrigé selon l’actualité et résolument transformé en sujet de Cinéma (la skyline de Dallas a l’air d’un fauve et le box où l’animateur est enfermé est un véritable ring d’acier), “Talk Radio” touche un sujet extrêmement sensible et important : jusqu’où les médias peuvent-ils donner libre cours à la médiocrité et la bassesse humaine. Le texte est brillant, cru et sans gants, avec un accessit d’obsession pour l’antisémitisme ambiant des auditeurs les plus louches. A l’origine du projet, Bogosian est complétement habité par son personnage. Mais la structure du film est ratée, avec un flash back complétement inutile en son cœur, et une volonté trop explicite de vouloir créer une ambiance glauque rendent la trentième minute difficile à dépasser, et l’on se retrouve enseveli sous des kilogrammes de haine brute pendant les 1h10 restantes du films. Un numéro d’équilibriste raté, donc, mais qui vaut vraiment le détour et pour les fans d’Oliver Stone et pour tous ceux et celles que la questions des limites de la liberté d’expression obsède.

Ne ratez surtout pas dans les bonus le commentaire d’Oliver Stone sur le film. 27 min de documentaire très précieux.

Talk Radio, d’Oliver Stone, avec Eric Bogosian, Leslie Hope, Ellen Greene, John C. McGinley, Alec Baldwin, 1988, 104 min, Carlotta, 14.99 euros, Sortie DVD et VOD le 18 janvier 2012.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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