
Retour sur le défilé-spectacle de Philippe Périssé chez Madame Arthur
La semaine de la mode touchait à sa fin. Alors que la foule patientait devant le cabaret de travestis de Madame Arthur, tout le monde ne parlait que d’une chose : le coronavirus. Dans un contexte d’inquiétude croissante, retour sur le défilé de Philippe Périssé qui ne put que nous inviter à sourire.
Le 29 février, ce sont de lumineux néons roses qui nous accueillaient à Pigalle, quartier peu conventionnel pour le choix d’un défilé de mode. A l’intérieur, on comprend que la collection automne-hiver 2020/2021 se dissimule derrière les lourds rideaux bleus de la scène se prolongeant sur un vieux parquet jusqu’au mur formé par l’ensemble des photographes présents pour immortaliser ce moment. Les invités sont quant à eux répartis à son pourtour mais aussi au premier étage où sont également installées quelques équipes en charge des backstages. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’un accordéoniste ouvrit le bal dans un costume de scène évoquant ceux d’Elton John : une combinaison blanche, rebrodée de strass, agrémentée de lunettes aussi imposantes que les Dr Martens qu’il porte comme chacun des mannequins tant féminins que masculins qui vont suivre. Ceux-ci font d’ailleurs preuve d’une grande diversité, notamment d’un point de vue générationnel.
Les yeux de toutes et tous sont charbonnés de noir, accentuant l’allure androgyne de la ligne choisie pour l’hiver prochain. Les mitaines se succèdent, tout comme les associations de bas résille, de cuir mais aussi de fourrure. Difficile de ne pas penser à l’univers de Jean-Paul Gaultier face à tous ces textiles noirs – dont les reflets ne sont pas sans rappeler ceux des sacs poubelles – et kakis ponctués de touches glitter. Pas étonnant de retrouver cette nuance verte pour le collectionneur d’uniformes militaires qu’est Philippe Périssé, formé entre la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne et l’Institut Français de la Mode. Notre coup de cœur ? Une combinaison dont la coupe s’assimile avec celle d’un tailleur, ici sublimé par un incroyable col en fourrure rendant l’ensemble particulièrement sexy entre chic masculin et charme féminin.
En somme, l’allure se veut rock’n’roll avec un stylisme global des looks présentant souvent bien plus d’intérêt que les pièces prises individuellement. La collection proposée par Philippe Périssé joue sur l’ambivalence des genres mêlant charisme, liberté et espièglerie. Les propositions ne sont certes pas révolutionnaires mais la bonne humeur procurée par ce show à l’énergie communicative qui s’est démarqué des autres mises en scène pour la Fashion Week parisienne. Le clou du spectacle ? Trois travestis dans des robes à paillettes entonnant des des chansons françaises entraînantes. Le public applaudit à tout rompre et Philippe Périssé clôtura le show par des remerciements à la manière d’un metteur en scène.
Visuels : Christina V Henningstad