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La vie d’artiste à Nice, en temps de Covid

La vie d’artiste à Nice, en temps de Covid

13 March 2021 | PAR La Rédaction

Depuis les années trente jusqu’à nos jours, Nice a vu défiler une pléthore d’artistes en quête d’inspiration, y créant leur résidence, peignant des œuvres mondialement reconnues, hymne à l’espièglerie d’une région qui foudroie. Matisse, Picasso, Duffy, Le Clézio, Nikki de Saint Phalle, Renoir ou encore Apollinaire, tous ont été saisis par la dimension spectaculaire de cette ville-lumière.

Par Marielle Sade.

Nice, la belle culturelle

Pourtant, si Nice reste ce lieu emblématique et culminant de l’inspiration à la française”, on ne peut nier que depuis les dernières mesures liées au Covid19, la ville souffre d’un abattement culturel et artistique sans précédent. Par-delà la restriction des réunions artistiques et de loisirs, s’ensuit le couvre-feu national imposé quotidiennement à 18h, et maintenant le confinement du weekend, instauré depuis 3 semaines. Ces mesures ont fini d’assommer le moral de nos artistes locaux, les empêchant de goûter pleinement aux effluves du dehors, pour créer librement.

Comme il nous semble lointaine l’époque où Louis Nucéra, – auteur niçois de l’Avenue des diables bleus -, écrivait ces mots : “Mourir pour mourir, c’est en regardant Nice depuis la Colline du Château, que je voudrais m’en aller ». Ou encore de Guillaume Apollinaire qui lançait avec emphase : “Quelle magie, le Vieux-Nice, ses maisons génoises et le marché au bord du Paillon… Tenez, cela me donne la nostalgie” ! Alors, afin de tâter l’âme de nos artistes niçois, -en ce moment très charnière-, nous avons été à la rencontre de trois d’entre eux :
Pénélope, comédienne et metteur en scène, au sourire désarmant, a accepté de nous livrer son ressenti, de but en blanc « c’est la mort du social dans la ville » nous lance –t-elle. « On fait passer le virus avant la culture ». L’histoire du carnaval l’a beaucoup attristée. « Chaque année, la ville vit de ce spectacle ambulant et tout le monde l’attend avec impatience, toutes générations confondues. Mais cette année, le carnaval a fichu un glas. Monsieur Estrosi, – le Maire de la ville- a fait ériger une sculpture pour faire passer la pilule, on a donc parlé de « Carnavalo-Virus » mais en réalité, personne n’avait le cœur à rire. C’était à pleurer, tant c’était de mauvais goût. En réponse à cette austérité déconvenue, certains ont voulu tenir tête et organiser le carnaval malgré tout, pour les enfants surtout ! Tout était organisé, Place Garibaldi. Chacun devait apporter ses masques vénitiens et le lendemain, pareil, Place de la Libération. Tout était parfaitement coordonné. Puis le fameux confinement est tombé. Le député a été obligé de retirer les autorisations de rassemblements. Certains n’étaient pas au courant, donc ils y sont allés quand même. Ce qui devait arriver arriva (ils devaient être une trentaine). Ils avaient tous fait l’effort de se déguiser. Ils se sont fait aligner de façon vicieuse ! » Elle cite aussi le cas d’une petite dame qui vient se baigner toute seule, chaque jour dans la mer. Elle aussi s’est fait aligner, car elle avait dépassé les horaires de couvre-feu. On attaque là où ça fait mal. C’est injuste. Et on ne sait toujours pas si on sera confinés les week-end à venir ! ».

Paroles d’artistes

Pénélope (Photos 1 et 2) nous raconte ses journées. « Je continue l’écriture de mes spectacles, on se réunit avec les comédiens, on organise des répétitions, tout en se protégeant. Mais là, avec le confinement chaque weekend, ça dépasse l’entendement. On ne peut plus sortir, plus rien partager, alors qu’il fait beau. Le soleil brille, on est censé s’inspirer du dehors, nous réunir pour créer et voilà qu’on doit se terrer chez soi ! Psychologiquement c’est violent. Notre créative est mise à sac. »

Dany Valeur  ravissante chanteuse de Cagnes-sur-Mer, continue sur un ton similaire. « Ça fait un an que ça dure, ce manège ! Bien sûr, on poursuit les répétitions, les maquettes, on peut toujours aiguiser nos chansons. Je vois des musiciens plusieurs fois par semaine. Ce ne sera pas difficile d’atterrir quand on aura à nouveau les autorisations de concerts. On est prêts à remonter sur scène depuis longtemps ! Certains des musiciens s’en sortent et organisent des soirées à Monaco, chez des privés. D’autres continuent à donner des cours de batterie ou de guitare. Pour les intermittents du spectacle, on fournit quelques heures, pour survivre. Mais faudrait pas que ça s’éternise ! Certains baissent les bras !

Mais Dany essaye de voir le bon côté des choses aussi : « C’est toujours dans les épreuves qu’on se connaît mieux soi-même. On table sur le mois d’avril pour que tout redémarre ! » finit-elle par rajouter, presque rêveuse.

Rémy Molinari ( Photo 3), dessinateur de renom et caricaturiste attitré des émissions d’Azur TV, nous livre d’une voix émue sa traversée. La majorité de son gagne-pain provient de l’événementiel (soirées sportives, corporatives, mariages, salons, etc), et il a vu ses revenus plonger en chute libre. Bon vivant, sorteur invétéré, son moral a été sacrément mis à mal. En attendant que tout redémarre, il poursuit avec humour ses caricatures sur Azur TV, mais il trouve la sanction gouvernementale trop lourde par rapport à l’enjeu ; les weekends sont longs et tristes, même s’il avoue que tout peut offrir son lot de remise en question.

En attendant… on sort !

En attendant que nos artistes reprennent la route du spectacle, et si parmi vous, certains se décident à venir faire le détour par ici, il sera appréciable de parcourir quelques sites naturels et parfois méconnus du grand public – avant 18h et hors weekend, on s’entend ! – pour se nourrir pleinement du “derrière de coulisse » de cette ville-spectacle !

 

La Colline du Château de Nice, le Vieux-Nice et le Cours Saleya où se déroulent tous les jours (sauf les lundis, consacrés à la brocante), le marché aux fleurs et aux légumes.

Rien ne vous empêche de marcher ! Voici quelques randonnées dans la région . Par exemple, les sentiers du littoral et les randonnées urbaines. Pour les sentiers du littoral : sentier du Cap de Nice, promenade Maurice Rouvier, tour du Cap Ferrat, sentier des douaniers à Cap d’Ail… et pour les randonnées urbaines : sentier de Nietzsche, tour du Mont Boron et du Mont Alban.

Manger est encore autorisé ! Une liste de restaurants qui proposent de la vente à emporter : Restaurants proposant la vente à emporter et, ou la livraison. Il ya aussi des moyens de locomotions originaux : Tricycles électriques, segways (mobilboard), ebikes (vélos électriques) : , location de voitures de collection…

Si vous avez envie d’un peu de calme, il y a des hôtels qui restent ouverts et très accueillants, même durant la pandémie. Le Méridien, le Splendid, par exemple.

Et bien sûr, il reste la culture niçoise en ligne, avec tous les événements,à retrouver également sur les  réseaux sociaux de la Ville : facebook, instagram, twitter., et ceux de la Côte d’Azur. 

 

Marielle Sade

Visuels : ©Marielle Sade

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