
Une twelfth night glam-trash au Carreau du Temple
Nous vous en parlions hier, le Théâtre de la Ville multiplie ses lieux partenaires. Le tout fraîchement retapé Carreau du Temple en fait partie, et c’est Bérangère Jannelle qui essuie les plâtres avec une Twelfth nigth, La nuit des rois ou ce que vous voulez où le duo Caroline Breton/ Thomas Gonzalez excelle.
[rating=3]
Vraiment, on résume ? Vous voulez ? Bon. La Nuit des Rois est une pièce écrite en 1623 par le grand Will. Le roi anglais des trick or treat a alors signé un bijou dans l’art des faux-semblants et des quiproquos. Il nous emmène en Illyrie où Orsino (David Migeot) aime Olivia ( Emilie Incerti Formentini) qui porte le deuil de son frère depuis 7 ans, elle repousse les avances du duc. Une autre fille est en deuil, il s’agit de Viola (Caroline Breton), qui elle, se fait passer pour son défunt frère Sébastien. Mais voilà que la jeune femme tombe amoureuse d’Orsino, elle devient alors Cesario, son valet… Que la fête commence !
Bérangère Jannelle situe la première scène dans un cimetière. On sent ici l’appel de Vincent Macaigne et de son (pour le coup vraiment trash et subversif ) Hamlet . Elle trouve ici l’occasion de faire surgir des comédiens aux tenues rock-british (mention spéciale pour les chaussettes aux couleurs de l’Union Jack de Sir Andrew (Douglas Rand) ), ou carrément sexy, là on dit bravo au fou, le génial Thomas Gonzalez ( vu chez Genod), qui se déhanche en collant-dentelle et sur stiletto mieux que Conchita Wurst. La bande son de cette formidable beuverie est, elle, faite de tubes fities ou sixties au choix, et en version italienne.
Du kitsch, du glam, du rock, le cocktail sied, en principe, à merveille, mais, un texte livré quasi in extenso impose des longueurs et des lourdeurs. Le spectacle, resserré, deviendrait génial, mais ici, la tessiture classique du verbe ampoule un jeu de comédiens absolument remarquable qui se voient imposer une gestuelle finalement très attendue, Castorf, Warlikowsky, Macaigne et Les Chiens de Navarre sont passés par là.
Il y a donc quelques bémols à ce spectacle qui prend dans son écoute une tournure forcement politique. La nuit des rois nous apprend l’art de la métamorphose, il y a du mensonge et des genres qui s’amusent à se mélanger, il y a une mauvaise plaisanterie faite à Malvolio (très bon Cyril Anep) et cela fait un bien…fou.
Visuel : ©Stephane Pauvret