
Thierry Harcourt met en scène Au scalpel, une pièce incisive au Théâtre des Variétés
Jusqu’à fin décembre 2022, Bruno Salomone et Davy Sardou investissent le Théâtre des Variétés et incarnent deux frères rivaux dans la pièce d’Antoine Rault intitulée Au Scalpel. Leur affrontement mènera à la révélation des secrets les plus enfouis… Un texte tranchant, une interprétation chirurgicale, une scénographie glaciale.
Un face à face cinglant
Un photographe (Davy Sardou) débarque à l’improviste chez son frère médecin (Bruno Salomone). Il est près de 22h et ce dernier a décidé justement de se coucher tôt pour opérer le lendemain matin dans les meilleures conditions. Alors que cela fait des années qu’ils ne se fréquentent plus, le premier demande à son hôte forcé un verre de vin pour expliquer la raison de sa venue. Les premières répliques fusent dans un climat tendu. Où veulent-ils en venir ? Qui aura le dernier mot ?
Abel et Caïn des temps modernes ?
La rivalité des frères ennemis est exposée comme une partie d’échecs. Tout semble les opposer jusqu’à leurs costumes aux couleurs contraires. Le premier, vêtu de beige, sonne à la porte et marque le premier coup. Le médecin, qui s’apprêtait à se coucher, porte un pyjama noir. Pieds nus et décontracté, il déambule dans son salon aseptisé où le blanc domine. Des néons aveuglants délimitent le plateau et l’on observe en fond de scène des étagères, sur lesquelles une collection de scalpels est mise en évidence. Dès le début, nous sommes plongés dans une ambiance de bloc opératoire, annonçant la dissection imminente d’une relation fraternelle complexe.
Un règlement de comptes au scalpel
Progressivement, l’étau se resserre entre les protagonistes. La tension monte et les deux frères vont régler leurs comptes sous nos yeux. Digne des meilleures intrigues d’Harold Pinter, le texte d’Antoine Rault décortique avec une précision méticuleuse les rancœurs et les jalousies. La construction du récit impose un rythme haletant et les rebondissements s’enchainent.
Une mise en scène impeccable
Thierry Harcourt, dont les mises en scène nerveuses et captivantes nous happent dans une spirale infernale (The Servant en 2015, La Collection en 2018) met ici en exergue les émotions et crée un climat anxiogène. La lumière, le décor, l’illustration musicale, le jeu des comédiens, chaque détail a été pensé pour accentuer l’intensité des échanges. Esthétiquement, tout participe à créer une sorte de malaise devant ces frères qui se détestent. Jusqu’au dénouement final, un fil émotionnel est tissé entre les comédiens et les spectateurs. On ne lâche pas une seconde ce duel porté par deux comédiens de talent.
Visuel : (c) Stéphane Parphot
Au scalpel
Au Théâtre des Variétés
À 19h du mercredi au samedi