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Shahara : l’amitié  jusqu’à la lune ( et retour) de Sarah Tick

Shahara : l’amitié jusqu’à la lune ( et retour) de Sarah Tick

23 March 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Aux Plateaux sauvages, Sarah Tick met en scène le superbe texte de Caroline Stella, Shahara. Élégant et puissant.

C’est une belle histoire, c’est une histoire où l’imagination est reine et pour cause,Shahara est malade. La première fois que Mélie la croise dans les couloirs de l’hôpital, elle n’en croit pas ses yeux, elle est habillée en cosmonaute ! C’est quoi ce bail ? L’hosto accueille un remake d’Apollo13 ? On pourrait presque y croire, car tout est fait pour que les lumières blafardes laissent place à la voie lactée et pour que le bureau du médecin soit un poste opératoire interstellaire.

Sarah Tick est à la fois metteuse en scène et médecin. Sa mise en scène est clinique. Rien n’est laissé au hasard, sujet qui pourtant la fascine au point d’être le fil de son prochain projet, mais restons pour le moment dans ce service de dermatologie-oncologique. Comme le dit très bien Shahara, “c’est pas cool”.

La gamine (Nadia Roz) souffre d’une maladie affreuse, joliment surnommée “maladie des enfants de la lune”, la Xeroderma en langue scientifique. Même avec un nom mignon, le portrait est affreux : sans combinaison très épaisse, l’espérance de vie de ces malades ne dépasse pas les 20 ans.

L’écriture de Caroline Stella se place du point de vue de l’enfant sans jamais être enfantine. Elle est puissante, faite de phrases très simples et de grands élans à la poésie qui vous transperce.

“Ça fait qu’un de ces quatre, je vais disparaître sous mes tâches. Ces grains de saleté me rappellent que je ne vais pas faire long feu. Mais sinon ça va.”

La pièce suit la vie de ces deux petites filles bien conscientes de leur état. Elles se surnomment “tâche” et “mauviette” et ensemble tentent de conjurer leur mauvais sort. Mélie (Barbara Bolotner) a l’air plus en forme, mais elle reste plus longtemps que prévu. La scénographie est superbe, elle est faite de panneaux qui sont des supports lumière et vidéo (Renaud Rubiano). Tout est super cohérent. De la terre posée en un amas circulaire au sol accueille un cube qui est autant une allégorie du bloc d’opération que la rampe de lancement pour partir à la conquête de l’espace.

C’est un spectacle parfait où la colère et la joie se chevauchent. La mise en scène calibrée, la direction des comédiennes, du médecin-lune (Guillaume Mika) et de l’ingénieur (Julien Crepin) laisse entendre l’unité entre eux quatre.

À voir jusqu’au 25 mars aux Plateaux sauvages puis à l’étoile du nord du 23 au 26 mai.

Visuel© Pauline Le Goff

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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