
L’humanité, tout ça, tout ça, la clandestinité s’invite au Off d’Avignon
Vérnonique Vellard met en scène de façon superbe L’humanité, tout ça, tout ça. Le texte de Mustapha Kharmoudi est magnifiquement incarné par Caroline Stella. Bon texte, bonne scèno, bonne comédienne. Mais, ça ne ferait pas un bon spectacle tout ça tout ça ?
Une fille et sa mère, planquées dans le coffre d’une voiture, abjecte. La petite a peur, se pisse dessus. Ambiance. Un passeur glauque, forcement, veut mettre la mère sur le trottoir et faire bosser la fille comme mendiante à la jambe cassée. Elle est pas belle la France ?
Sur scène, Caroline Stella, combinaison en soie années 80, talons aiguilles beiges, cheveux hyper courts. Ultra parisienne elle offre le décalage et la beauté nécessaires à l’écoute d’un texte sans répit. Sur scène, des chaussures, plein, qui servent de contrepoids à des dizaines de ballons prêts à s’envoler. Symboles de ces femmes, ces hommes et ces enfants qui ont fui. Mais quoi ? Une guerre visiblement. Laquelle ? On ne sait pas, mais on situe cela plutôt dans les Balkans.
La comédienne joue sur un cube, elle danse quasiment faisant de ses ballons les têtes des protagonistes. Les méchants : le passeur, le flic, le videur, les gentils : une petite fille, une dame dans un magasin. Elle s’enrobe des bulles à l’air enfermé, impossible de se sortir de cette situation là.
On plonge avec ce texte de l’autre côté, dans la tête des clandestins. On se demande : que quittent-ils pour qu’une vie de pute et de misère leur semble plus belle ? On ne sait pas. Le phrasé est saccadé, haché, comme une respiration étouffée de frayeur. La lumière se fait minérale, bleutée, agressive, en tout cas, ultra belle et ultra pro.
Une petite bombe qui aura une longue vie.