
Le théâtre tout court au Ciné 13
Le festival de formes courtes théâtrales se déroule dans le décor de cinéma du bien-nommé Théâtre Ciné 13. Un gouffre doré, art déco, un grand escalier pour arriver dans une salle aux immenses fauteuils défoncés. Sur le plateau, jusqu’au 16 juin, ce sont 16 créations originales qui s’enchaînent, se recroisent.
Le Festival se nomme Mise en Capsule. L’idée, pas très neuve mais toujours agréable et de plonger dans une vraie pièce n’excédant pas 30minutes. Au programme, du théâtre surtout, de la danse, du one-man / woman show et autres performance, qui succèdent dans un rythme soutenu, six spectacles par soir entrecoupés d’un verre de ponch au joli bar.
Des auteurs stars seront confrontés à de nouveaux venus : Fabrice Melquiot, Jean Luc Lagarce, Philippe Minyana pour les people. Pour les découvertes, hier, ce fut pour nous les talentueuses Armelle Abibou, Petya Alanozova, Emilie Bouruet-Aubertot, Jade Collinet et Chloé Lambert.
Deux spectacles vus qui donnent la tendance de ce chouette festival : pluralité. Pas seulement des formes, pour nous ce fut deux spectacles théâtraux mais dans le propos et la mise en scène.
Le premier “La veillée”, de Chloé Lambert, mise en scène Thibault Ameline raconte un sale coup de la vie. Alors que sa fille naît, sa grand-mère meurt. C’est entre un berceau et un cercueil que la pièce se joué, la belle Chloé allant de l’un à autre. Elle déroule les absurdités que l’on dit à l’endeuillé lors de la perte d’un si proche : ta fille la remplace, comme si un être remplaçait un autre. Ou, le il est toujours avec toi, valable les premières semaines pour apaiser la peine mais disparaissant ensuite. Chloé devient grande deux fois, maman et adulte. Elle se confronte au corps vide et froid de sa grand-mère comprenant d’un simple touché que cela est fini, qu’elle n’est plus du tout.
La scéno est épurée et sans concession : un berceau, un cercueil, un banc. Elle a l’air de connaître son sujet Chloé Lambert, tout ce qui est dit, des détails sordides des Pompes Funèbres aux sensations trop personnelles qui appellent des “je comprends” de ceux qui ne comprennent rien. Dur et intense spectacle qui passe, par un jeu trés doux pour un moment non agressif, non pesant et totalement apaisant.
Dix minutes de pause sous orage et il temps de continuer dans une tout autre ambiance. Le collectif de filles : Armelle Abibou, Petya Alanozova, Emilie Bouruet-Aubertot et Jade Collinet jouent Cendrillon. Enfin leur version du conte. C’est un jour de mariage, elles sont attablées, la hauteur du meuble ne laissant voir que leurs visages crispés sur une hilarité. On se marre d’entrée. Ensuite, le mythe de Cendrillon prend place chez une dévoreuse d’hommes accompagnée de ses deux filles. Elles ne rêvent que d’une chose : le prince charmant.
La pièce alterne des moments de comédie musicales fort drôle avec des textes acides beaucoup moins drôles finalement sur la haine gratuite et l’exclusion de celle, on le sait déjà qui sera vraiment la plus belle.
Jusqu’au 16 juin, vous aurez le choix entre les rires, les larmes et les surprises. Découvrez le programme !