
Le Pavillon des pivoines au Théâtre du Châtelet : une occasion rare de découvrir le théâtre Kunku
Tamasaburo Bandô continue d’enchanter le Théâtre du Châtelet. Après les raffinements de la danse kabuki traditionnelle dans Jiuta, nous voici transportés au cœur de la Chine impériale avec Le pavillon des pivoines. Ce chef d’œuvre du théâtre Kunku très populaire en Chine entre le XVIe et le XIXe siècle se caractérise par son mélange de rêve et de réalité et ses textes très travaillés d’un haut niveau littéraire. Il s’agit là d’une grande première européenne.
La représentation du Châtelet, mise en scène et portée par Tamasaburo Bandô propose neuf tableaux retraçant la trame principale de cette intrigue où une jeune fille de bonne famille, Du Liniang, tombe amoureuse en songe du jeune bachelier Lui Mengmei. Cet amour la consume si bien quelle finit par en mourir. Mais ce n’est point la fin de l’histoire car ici le fantastique n’est jamais loin. Après un passage devant le juge des enfers, elle retourne sur terre sous forme de fantôme pour retrouver son bien aimé avant un happy end.
Si l’intrigue est un petit peu longue à se mettre en place, dès le troisième tableau la pièce trouve son rythme. Chants, danses et déclamations s’enchainent. Les changements de plateaux, rapides et discrets ne perturbent pas l’implication du spectateur dans la pièce. Les passages du Jugement aux enfers et le Retour à la vie sont particulièrement prenants et éblouissants.
Malgré les 3h10 min de spectacle, l’on ne voit pas le temps passer, le seul regret concerne l’accès au public européen à ce registre qualifié de hautement littéraire, ce que l’on ne peut ressentir qu’imparfaitement dans les sous- titres. Les décors et les beaux costumes aux couleurs chatoyantes évoquent parfaitement la lointaine époque de la dynastie des Song du Sud (1127-1279) dans laquelle se déroule l’histoire de cet amour parfait.
Voir le Pavillon des pivoines au théâtre du Châtelet est une occasion rare de découvrir en France le théâtre Kunku. Proclamé Patrimoine mondial culturel en 2001 par l’Unesco, six siècles après son apparition, il retrouve peut à peu de la superbe d’antan. Ces œuvres, très prisées par la cour, les intellectuels et plus généralement les citadins chinois des XVIe-XIXe siècles sont remarquables par leurs sujets et leur langage très poétique accompagnés d’une musique gracieuse typique du Kunshan.
Visuels : © Takashi Okamoto