
Le Marivaux version Mambo de Jean-Luc Revol
Le génial metteur en scène du Cabaret des Hommes Perdus et de La Nuit d’Eliot Fall s’attaque à la dernière pièce de Marivaux, “Le préjugé vaincu”, représentée pour la première fois par les Comédiens Français, le 6 août 1746, ce texte qui connaît un fort succès à sa création, n’est plus joué depuis 1869.
L’histoire est d’un ennui sans fin, faisons vite, “Dorante aime Angélique mais il n’ose se déclarer car elle est aristocrate et lui, quoique riche, n’est qu’un simple roturier. Angélique refuse cette mésalliance, pense d’abord épouser un marquis… et finit par être séduite par Dorante. Le Préjugé vaincu (déf. Larousse : « Préjugé : Opinion adoptée sans examen par généralisation hâtive d’une expérience personnelle ou imposée par le milieu social… »)”.
Revol aime s’amuser des codes et jouer avec le monde de la comédie musicale. Il s’y essaie ici, se confrontant à la difficulté à monter un texte XVIIIe en cherchant à garder la langue intacte. Dans un décor 100% kitsh, faux ciel, cadre de porte et salon en rondin, les comédiens excellent sur les pas de danse qui rythment la pièce. On sourit à l’entrée en scène de la Marquise , habillée en Castafiore des années 50, pendant qu’en fond de scène, un tourne-disque permet de “passer” les vinyles. Tout est raccord pour un spectacle pile dans la tendance “Mad Men”.
Mais ni les beaux costumes taillés à l’image des personnages, ni l’energie formidable des comédiens ne peut réparer l’aspect ultra classique du propos. Si “Le préjugé vaincu” permet d’entendre une langue rarement présentée sur les plateaux, il n’attaque qu’en surface les stéréotypes concernant les classes sociales. Le texte de Marivaux est bien trop daté pour trouver une quelconque contemporanéité dans nos sociétés. Les pas de mambo n’y font rien, l’ennui prend le dessus.