La belle personne, suite et fin de la trilogie d’Honoré

Cependant, au-delà de cette belle ambition qu’il poursuit, il faut bien dire que La belle personne déçoit. D’abord, en matière de réalisme. Louis Garrel est censé être un professeur d’italien alors qu’il est à peine plus âgé que ses élèves. Dès lors, ce qui paraît scandaleux, ce n’est pas qu’il tombe amoureux d’une de ses élèves, mais qu’il continue à exercer son métier comme un charlatan. Ensuite, on peine à saisir ce que veut nous dire Christophe Honoré en adaptant La Princesse de Clèves. Il transpose l’intrigue dans le présent et les personnages deviennent des adolescents en pleine crise existentielle, mais cette transposition se fait comme si de rien n’était, comme si les adolescents d’aujourd’hui et La Princesse de Clèves avaient réellement quelque chose à voir… Ce qui gêne, sans doute, c’est que Christophe Honoré ne mette pas davantage en avant les obstacles de cette adaptation. Le projet d’adapter le roman de Mme de La Fayette est intéressant, soit ; mais faut-il encore en montrer l’utilité.
D’autre part, après trois films dans cette veine, on commence à se lasser de cette nonchalance tragique des acteurs. Elle est certes belle et fascinante, mais on souhaiterait un jour savoir ce qui se cache derrière, ce qu’elle signifie. La première séquence du film montre des visages d’élèves pendant un cours d’anglais comme on les connaît (ennuyeux !). Honoré veut les montrer en train de penser, mais ce n’est pas en filmant des visages vides qu’on plonge dans les idées d’un adolescent. Loin de là. Devant La belle personne encore plus que pour ses deux précédents films, on a la désagréable impression que Christophe Honoré ne comprend pas son sujet – l’adolescence – et qu’il sublime la forme des procédés forts simples (les morceaux magnifiques de Nick Drake et Bach). Au final, tout ça finit par sonner un peu creux. Et c’est là la chose la plus tragique du film…
La belle personne Sortie en salles : 17 septembre.
Réalisation : Christophe Honoré.
Librement adapté de La Princesse de Clèves.
Avec : Louis Garrel, Léa Seydoux.
1h30.
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One thought on “La belle personne, suite et fin de la trilogie d’Honoré”
Commentaire(s)
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Benjamin F
C’est vrai que le risque de se lasser de cette “nonchalance tragique” pointe le bout de son nez. Tout cela reste juste dans un style où le ridicule et le pathos sont d’habitude aux premières loges.
A+
Benjamin
http://www.playlistsociety.fr/2008/09/la-belle-personne-de-christophe-honore.html