Théâtre
La balade des noyés, dark road trip à Avignon

La balade des noyés, dark road trip à Avignon

11 July 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Photo : une vielle Mercedes dépecée, toute repeinte en blanc, deux gars qui flottent à l’intérieur et un pianiste sur le côté. Voilà la première image de La balade des noyés de Carlos Eugenio Lopez, mise en scène par Eva Vallejo à la Manufacture, dans le cadre du Off d’Avignon.

Ils sont tueurs, c’est leur métier. Par commande du gouvernement espagnol, ils cassent “des arabes”. Un par semaine, le samedi. Ils partent ensuite en voiture et en duo pour traverser le pays avec un corps dans le coffre avant de le plonger dans un détroit pour faire croire à une noyade. L’un à la cinquantaine (le charismatique Pascal Martin Granel), l’autre trente ans pile, (le volontaire Sébastien Amblard), ils roulent en se parlant. Le “jeune” a des remords, c’est “le 29”, le vingt-neuvième corrige “le vieux” ; pour l’un, ce sont “tous les mêmes”, l’autre réfute. S’ensuit un dialogue bien écrit entre un raciste obtus et un éclairé peu cultivé.

Alors que le mort suit malgré lui une route qu’il n’avait pas prévue, le couple de malfrats refait le monde. Tuer apparaît facile pour l’un “ce qui est compliqué c’est vivre, tuer ça se fait depuis Abel et Caïn”. L’autre rappelle que chaque mort avait une identité. Si leurs échanges, sur le sexe, la famille et le travail, adoucissent le raciste négationniste, leur route s’enfonce vers un non-retour annoncé.

La mise en scène associe intimement la musique de Bruno Soulier à la scénographie d’Hervé Lesieur et au texte traduit par Chrystelle Frutozo. Il en résulte une proposition admirable du point de vue sonore et visuel. Il est rarissime de voir des décors de ce niveau dans le cadre d’accueil du festival off qui implique un démontage chaque jour. Voilà qui séduit et impressionne. En revanche, le jeu comporte quelques tunnels qui nécessiteraient des resserrages. Mais, dans l’ensemble, la pièce captive et elle est plutôt bien jouée respectant un rythme qui ne se relâche qu’à peu de moments.

La balade des noyés se termine sur une image admirable, finissant de nous raconter cette allégorie de l’existence humaine où chacun trace une route dont il connait la destination.

 

Visuel : (c) GuYom

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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