Théâtre
James Thierrée redevient Raoul au Théâtre de la Ville

James Thierrée redevient Raoul au Théâtre de la Ville

03 January 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le Théâtre de la Ville propose une reprise très attendue, celle du seul en scène du circacien James Thierrée, Raoul, un Robinson Crusoé qui peine à nous séduire. Le spectacle nous avait pourtant largement convaincus en 2009 (voir la critique de Christophe Candoni )

Deux images, celle du début pour un lever non pas de rideau mais de voiles de bateau totalement époustouflant et une disparation de l’artiste absolument spectaculaire. Entre ? Le vide absolu pour ce naufrage en pleine mer sur une musique plurielle mêlant Schubert et les riffs de guitarre  de Mathieu Chedid.

Un homme seul, en délire avec son double absent, sujet aux mirages, cela pourrait donner lieu à de la féerie et de la magie. Sans cesse, d’autres références pointent. Pour l’ile déserte on gardera le couple exsangue de Patrice Chereau pour I’m the wind, pour la prouesse, toujours autour d’un Bateau ivre, on garde en mémoire, « Du goudron et des plumes » un monument de cirque contemporain, mis en scène par Mathurin Bolze à la Grande Halle de la Villette. Le comédien “prend pour radeau une cabane faite de tuyaux en métal, une protection qui finit par plier face à l’extériorité menaçante et se délabrer sous la tempête.” Le décor empreinte au métal sans jamais se tourner vers l’esthétique contemporaine. On attendait du petit fils Chaplin plus qu’un numéro de clown et de mime classique,  dont certains moments potaches atteignent la vulgarité.

Le monsieur n’utilise son décor faussement grandiose que par instants. On aurait aimé le voir se saisir des restes de sa vie passée : un fauteuil, un gramophone compagnon de route, un ex beau tapis et ces murs qui ne cessent de tomber. Au lieu de cela il propose des numéros attendus comme la théière qui verse dans un verre sans fond. Les séquences sont ponctuées d’une chorégraphie souvent agréable, particulièrement dans ses mouvements insistant sur les rebonds, travaillant sur le ralenti et la déstructuration, symbole du fil du spectacle qui est la quête de soi inatteignable au cœur du néant. Dans cette lutte intérieure,  il rencontre de superbes animaux de métal ou de tissus, créés par sa maman Victoria Chaplin et actionnés par des danseurs et des techniciens, mais au contraire d’un Johann le Guillerm, il ne les dompte pas, offrant uniquement des moments de fausse poésie, absolument forcée, tel ce rêve adossé à un magnifique éléphant blanc manipulé de l’interieur par une multitude de techniciens. La douceur et la lenteur sont de mises, superbes, mais tellement prévisibles.
Les instants d’absolue beauté sont bien sûrs présents, James Thierrée est agile, drôle, excellent comédien. Malheureusement,  son évolution dans un spectacle pensé comme un show aux lumières gargantuesques mais à aucun moment plastiques donnent plus  l’impression d’une recherche du sensationnel que d’une quête de sincérité.

Raoul est pour nous la plus grande déception de la rentrée.

Crédit photographique : Richard Haughton

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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