
Et pendant ce temps, Simone veille !
L’Humour et l’Histoire sont épris l’un(e) de l’autre (et ce n’est pas parce qu’on parlera de droits des femmes que l’on féminise le “un”) ; et surtout, quelle Histoire ! Avec Et pendant ce temps, Simone veille, l’humour semble avoir véritablement trouvé chaussure (à talon) à son pied. Quelle Histoire, non mais quelle Histoire…
1950, sur scène. Marcelle, France et Giovanna discutent de leurs vies de femmes respectives. L’ouvrière, la bourgeoise et la troisième, issue des classes moyennes, se souviennent de la guerre qui leur a permis de travailler. Avec le retour des hommes à la Libération, l’indépendance « éphémère » se transforme en « effet mère » (la guerre, ça vous transforme un homme en lapin en moins de deux). De génération en génération, les filles des premières, puis leurs filles, et ainsi de suite, se succèdent dans ce voyage scénique, qui s’étend de la lutte pour l’avortement à la procréation médicalement assistée. Avec leur charme, leurs imperfections, leurs désirs et leurs doutes, ces douze femmes parlent avec une verve inégalée de leur combat permanent pour leur liberté et le respect de leur qualité de femme. Ce spectacle historique est ponctué avec malice par les interventions d’une Simone grinçante, qui veille pour rappeler au public les dates importantes de ce long chemin, encore semé de cailloux.
On ne se risquera pas à évoquer le mariage, mais voilà un four-women-show qui parvient à pacser l’autodérision avec les jeux de mots. Et lorsque ce beau tandem humoristique flirte avec l’historicité des droits des femmes et le réalisme, cela donne le meilleur plan à quatre qui soit. Et pendant ce temps, Simone veille est un tableau comique, qui peint avec réalisme et justesse l’évolution des conditions de vie des femmes en France au quotidien. Encourageant, certes, à la lumière des progrès réalisés depuis les années 1950 – impossible désormais de mixer des légumes avec Moulinex – mais frisant légèrement l'”anti-hommisme” parfois, au contact des mots. Après tout, « les mots ne sont jamais les mêmes pour exprimer ce qu’est le blues » des femmes et les cheveux ondulés frisent aussi au contact de l’eau, cela leur donne un charme un peu “éclaboussé” (schizzato) comme on dit en Italie. Bref, voilà une pièce dont on sort en se disant qu’on aime les femmes parce qu’elles mettent au monde les hommes (sourire ironique, ndlr).
Roméo Fratti
@RomeoRNF
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