
Daniel Picouly sensible au Off d’Avignon
“La faute d’orthographe est ma langue maternelle” se présente comme une “pièce en un acte à un personnage l’Auteur”. D’un trop court texte sur un sujet important : comment devient-on écrivain, Daniel Picouly en fait une pièce se transformant en comédien à l’oeil rieur.
“De Bazin, j’avais lu Vipère au poing, parce que le roman était sorti en 1948.
A l’époque j’avais décidé de ne lire que des livres parus l’année de ma naissance.
C’est une de mes cent mauvaises raisons de lire.
J’ai encore la liste.”
Au commencement, il y a un grand blessé et une scène mythique. Dans la classe, autant dire le ring, le petit Daniel, 10 ans, se fait humilier par le remplaçant de son adoré instituteur, Monsieur Brûlé. L’enfant a commis l’irréparable double faute : en avoir commis vingt-six un quart dans la dictée et avoir osé ajouter un H à (h)orthographe ! Ça en est trop ! Quelques années plus tard, l’auteur revient sur ses terres du souvenir pour rencontrer une classe et répondre à toutes leurs questions.
Sur scène il y a une belle idée : une chaise d’écolier géante pour regarder l’âge adulte avec des yeux d’enfant. Il y a une image qui va et qui vient au gré des souvenirs, celles de la fameuse salle de classe. Tout autour, une frise chronologique, quelques mots d’anglais et une carte vintage. Seul en scène, il hésite parfois mais touche juste tout le temps. Picouly arrive à transmettre sa nostalgie avec une joie non dissimulée.
Pour une fois chez cet auteur qui adore Marie-Antoinette et le Chevalier de Saint Georges, la grande histoire est celle de sa vie : “être né en 1948, ne pas être mort, avoir un père chaudronnier, une mère morvandiote, douze soeurs et frères (…) “. On plonge dans la vie du môme de Villemonble, on s’attache aux soeurs à qui justement il raconte des histoires contre un peu de liberté, on découvre les filles, celles qui lisent des livres d’intellos et une prof de musique toute sombre. Rassurez vous, rois, reines et même dragons font leur apparition !
“La faute d’orthographe est ma langue maternelle” rend hommage à une mère monument qui a élevé treize enfants et au passage, par ses fautes à elle a rendu l’un d’entre eux écrivain reconnaissant.
Photo de l’affiche (c)Alain Beauvais