
Avignon OFF : Loss, Noémie Ksicova comprend le deuil
Jusqu’au 29 juillet à 11 h 30 au 11, Noémie Ksicova nous parle de ceux qui restent. Que faire après la mort d’un très proche, une fois la mort passée ? Comment gérer la présence des fantômes ? Loss met ces sujets sur la table.
Tout commence avec un dialogue entre l’autrice et metteuse en scène et Rudy (Théo Oliveira Machado). Elle est adulte et lui a 17 ans pour toujours. Elle parle à un mort qui a été son amour de lycée et qui un jour s’est suicidé. Pourquoi ? Personne n’a compris, personne n’a rien vu venir.
Dans un décor très littéral d’appartement (canapé, télé, table, chaise, portemanteau), nous entrons dans la vie de Rudy, c’est lui qui de son au-delà nous présente sa famille : sa mère (Anne Cantineau), son père (Antoine Mathieu), sa sœur Inès (Juliette Launay), et sa petite amie Noémie (Lumir Brabant).
Rudy nous montre la vie d’avant, celle où il était vivant et où tout allait bien et celle d’après, où tout s’effondre, tout déraille, au point que sa jeune “veuve” cherche à entrer en lui en prenant sa place à table.
La direction d’acteurs et les idées de mise en scène montrent parfaitement comment le vide de l’autre se niche en soi pour devenir quelqu’un. Elle dit “Les vivants ont besoin des morts pour vivre”. Et montre ainsi que le deuil ne se fait par pour le disparu mais pour soi. Elle arrête le temps juste après la mort, en mettant les acteurs en boucle, empêchés d’avancer, comme s’ils nageaient à contre-courant.
Les comédiens remontent ainsi leur longue pente jusqu’à retrouver une nouvelle vie sans Rudy, enfin, sans Rudy vivant.
Le jeu est bien mené malgré une scénographie qui reste très classique. Les acteurs occupent parfaitement le plateau et dans leurs interactions nous autorisent à dire que oui on croit fort aux fantômes nous aussi et que ceux qui vivent en nous vont bien, comme Rudy.
Jusqu’au 29 juillet au 11, à 11 h 30, durée 1h. Relâche le 26.
Visuel : © Simon Gosselin