
Annonce : La Supplication au Théâtre du Nord
La Supplication raconte une histoire dure et violente, à la fois spécifique et universelle : celle de Tchernobyl, du 26 avril 1986, le jour de l’explosion de la centrale, aux dix années qui ont suivi, alors que peu à peu, l’obscure réalité de la catastrophe qui a frappé le monde s’est révélée. Cette réalité, l’auteur biélorusse Svetlana Alexievitch en a fait un “roman-document” que Stéphanie Loïk met en scène sur le plateau de l’Idéal à partir du 19 octobre avec les 14 comédiens sortis de l’EPSAD, l’école d’art dramatique soutenue par le Théâtre du Nord.
La méthode de Svetlana Alexievitch pour écrire ses romans est simple et précise : jour après jour, pendant des années, elle va à la rencontre de ceux qui ont vécu l’événement dont elle souhaite parler. Les femmes soviétiques qui ont combattu pendant la Seconde guerre mondiale avec La guerre n’a pas un visage de femme, les soldats russes revenus d’Afghanistan pour Les Cercueils de zinc, les survivants maudits de Tchernobyl – dont elle fait partie – dans La Supplication. Elle effectue ensuite un long travail de coupe et de mise en ordre de toutes les voix qu’elle a recueillies – sans jamais les réécrire – pour écrire des romans forts et perturbants, qui vont au plus près de la réalité telle qu’elle est vécue et ressentie par les victimes.
Stéphanie Loïk s’est donc attachée à ces voix pour mettre en scène La Supplication : il n’est pour elle pas question de faire jouer les survivants de Tchernobyl aux jeunes comédiens qu’elle a initiés au projet dès leur 2e année d’études à l’ESPAD, mais de les leur faire raconter, avec leur voix aussi bien qu’avec leur corps. C’est ici un travail choral qui sera le centre de la scène, un chœur à 14 voix donnant chair au récit sans pour autant l’incarner. Cette “forme vocale et corporelle révèle le sens intérieur”, insiste Stéphanie Loïk, qui souhaitait travailler ce texte avec de très jeunes gens.
Présentée dans le cadre du festival Fantastic animé par lille3000, La Supplication se veut une tragédie moderne faisant écho à d’autres drames nucléaires du 21e siècle, afin de montrer les failles et les angles morts de la société, qui semble ne pas apprendre de ses erreurs précédentes. Un véritable défi pour les 14 comédiens, qui exploreront ici une face sombre, effrayante du “fantastique”.
Crédit photos : © Eric Legrand