
A Montmartre cette année là, la gouaille au service des Restos du Coeur
Avignon respire en dehors du festival, et, chose folle, on y fait même du théâtre en plein janvier. C’est ainsi que François Brett à la mise en scène et Eric Breton à la musique ont écrit et composé un spectacle 100% parigot : A Montmartre cette année-là, une comédie musicale populaire qui, pour sa venue dans la mythique Salle Benoit XII jouait au profit des Restos du Cœur. Elle n’est pas belle la cause ?
Théo (Jean François Cesarini) a 40 ans, une petite amie (Faustine Dreveton). A la mort de sa mère il découvre que ses parents l’ont adopté bébé. Passé le choc, il décide de partir à la conquête de sa mémoire. Le spectacle va alors jouer de flash-back pertinents, les allers-retours vont se faire incessants entre le bar de Max (Serge Hatem) où les blousons noirs (Christophe Vic et Romain Aberlenc) menacent les gentils rockeurs (Camille Monnet), la serveuse amoureuse (Marine Llado), Pablo (Ange Paganucci) le peintre voulant séduire sa dulcinée Mathilde (Mylène Halsberghe) et le clodo du coin, Roland (Raphael Perdiguier) désabusé et le Paris de 2002 où Théo va chercher et trouver grâce aux monuments de la Butte, Gavroche ( Sabine Sandra) et Raymond (Christophe Vic).
Le décor pertinent ne cherche pas, fort heureusement, à jouer les reconstitutions. Un simple comptoir, deux chaises une table font l’affaire, le reste, c’est à dire les célèbres escaliers de la Butte nous arrivent par une vidéo qui joue les raccords avec le plateau.
Sur scène, ils jouent et chantent sérieusement, avec des coups d’éclats évidents. Les loubards font s’esclaffer la salle, Camille Monnet a du coffre, Jean François Césarini de la belle justesse. Le coup de cœur absolu revient à Raphael Perdiguier, bancal clochard, soutien du monde et de l’histoire. C’est à cause de lui qu’un drame aura lieu. Il assume. On se laisse prendre aisément à cette promenade entre les deux rives du temps portée par les compositions magnifiques d’Eric Breton. Lui qui maîtrise les notes depuis “plus de vingt ans utilisant des formations très variées pour des œuvres jouées dans le monde entier et dirigées par les plus grands chefs : Riccardo Muti, Ernst Schelle, Ingo Becker”, vient ici se prêter à une histoire intime, celle du quadra à la recherche de ses géniteurs et universelle à la fois : la quête des origines.
On ne peut qu’être touché par cette jolie proposition qui, si elle pêche parfois, on voit arriver le dénouement avec trop de facilité, regorge d’idées brillantes comme ce métro qui se blinde à une heure de pointe.
A la fin on dit volontiers oui au Champagne que Théo offre avec maîtrise. La pièce était belle, cela se fête en “buvant un coup”, non ?
Visuel : (c) Capture d’écran facebook