
Le Carnaval des animaux raconté par Alex Vizorek, à l’auditorium de radio france
Après avoir revisité le conte musical Pierre et le Loup (Prokofiev), l’humoriste belge Alex Vizorek prend la plume et nous sert ses plus beaux alexandrins pour nous raconter le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, dont nous célébrons cette année le centenaire de la disparition. Accompagné par l’Orchestre National de France à l’auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique, il nous a offert le 6 novembre dernier une expérience enchantée, espiègle et ludique, où petits et grands se sont délectés.
Camille Saint-Saëns, un compositeur facétieux
Camille Saint-Saëns a 50 ans quand il crée en quelques jours une « fantaisie zoologique » qu’il intitulera Le Carnaval des animaux. Nous sommes en 1886 près de Vienne en Autriche, où le compositeur est en villégiature, après une tournée en Europe centrale. A l’exception du Cygne, 13è mouvement de l’œuvre, seules deux représentations seront autorisées de son vivant : la première à l’occasion du Mardi Gras organisé chez le violoncelliste Charles Lebouc, puis en avril 1886 en l’honneur de Franz Liszt.
Suite de 14 mouvements plus ou moins courts, à l’instrumentation originale et virtuose, les pièces humoristiques de cette composition s’inspirent avec tendresse d’animaux aux caractéristiques musicales éloquentes.
Une partition animalière inspirée
Ainsi à l’ouverture, le piano exprime le rugissement du lion, puis la clarinette et les violons figurent les poules et les coqs, qui picorent et caquètent. La contrebasse et le piano imposent un thème lent, pachydermique, où les sons graves symbolisent la pesanteur des éléphants.
On assiste à un défilé de tortues, de kangourous bondissants, de personnages aux longues oreilles, où triolets, appoggiatures et arpèges s’en donnent à cœur joie. On entend les Pianistes faire leurs gammes. Les doigts défilent sur les touches « dans le style hésitant d’un débutant ». Pas évident de bien jouer mal ? Guillaume Bellom et Ismaël Margain nous proposent des montées et des descentes chromatiques convaincantes.
Sur terre, en mer ou dans les airs, les mélodies sont lyriques, légères et enjouées. Ruth Reinhardt mène son orchestre à la baguette avec entrain. On reconnaît le thème féérique de l’Aquarium, repris notamment au Festival de Cannes, au cinéma, ou dans des publicités. Fossiles fait écho à la Danse macabre du compositeur, où le xylophone évoque l’entrechoquement des os. Le ton est pourtant badin avec un tempo rapide et l’on sourit aux notes de comptines comme Ah vous dirais-je maman.
Le Cygne, magnifique solo de violoncelle porté par un piano mélodieux, nous plonge dans un univers poétique, avec un tempo andantino grazioso, lent et gracieux. Le Final, molto allegro, impose sa signature joviale et l’on entend les animaux défiler fièrement et allègrement.
Des alexandrins composés sur-mesure
Visiblement inspiré par l’illustre compositeur, Alex Vizorek, auteur et récitant, appose ici sa verve majestueuse, son phrasé éloquent. On se laisse bercer par sa voix de radio, par la scansion des alexandrins, douze pieds, deux hémistiches, et les rimes fusent. Plein d’humour et de facéties, il invente une histoire à la fois drôle et pédagogique, instaure une conversation avec les musiciens mais surtout, il joue avec le public, qui le lui rend bien. Les enfants rient aux éclats, partent avec lui dans ses délires imaginaires et la magie opère.
Enfin, pour ceux qui souhaiteraient prolonger l’expérience ou qui n’auraient peut-être pas eu la chance d’assister au concert, un enregistrement (CD et vinyle) est disponible.
Un vrai régal.
Visuel : (c) Nathalie Morel d’Arleux
Le Carnaval des animaux
De Camille Saint-Saëns
A l’auditorium de radiofrance
Alex Vizorek, textes et récitant
Orchestre National de France
Ruth Reinhardt, direction
Guillaume Bellom et Ismaël Margain, piano
Samedi 6 novembre 15h
Jeune public
Durée : 55 min