
Dans “L’oeil du loup” se cachent les histoires du monde
La Maison des Métallos donne à voir, à travers “l’œil du loup”, un texte de Daniel Pennac mis en scène par Clara Bauer un superbe conte tout en crescendo qui vous fera faire le tour de l’Afrique en passant par l’Alaska.
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Mais à quoi jouent-ils Laurent Berger et Habib Dembélé ? Ils inversent les rôles, deviennent tour à tour un loup bleu borgne avant que tout ne s’interrompe pour laisser place à un point de mise en scène. Alors ici ou là la cage du zoo ? Et voici Roberto, le technicien qui vient visser ses lampes en plein drame. Clara Bauer nous sème d’entrée de jeu pour pouvoir nous saisir encore mieux.
Nous voici emportés, sans crier gare, dans un long voyage au cœur de l’histoire. Ces deux comédiens là regardent le monde au travers d’œillères, car “le meilleur des hommes ne vaut rien” et rien ne vaut d’être vu. Ces deux comédiens sont les loups, les hommes, les bergers, les chameaux, les brebis, les hyènes et plus encore. Ils sont, dans le décor aux lumières chaudes, tous les rythmes des exils. Ils sont, sur les lopins de terres enneigées ou sèches qui parsèment le plateau, des raconteurs d’histoires. Ils sont au centre de plusieurs mises en abîme qui ne cessent de dire ici que le mythe et la réalité se rencontrent.
Il y a un gosse sans nom qui sera sauvé de la mort par sa capacité à faire rêver et il y a ces animaux à voix d’homme qui jettent un regard critique sur ce qu’ils nomment “l’autre monde”. Il y a deux comédiens incroyablement bons, qui jouent tout et changent de peau, au sens premier du terme, à une vitesse folle portant le beau texte à la plume dure de Pennac.
L’œil du loup donne à espérer un monde de rencontres possible. Le spectacle est construit avec une force qui se déploie lentement passant du récit des loups au récit des hommes sans que l’on s’y attende vraiment. C’est quand à l’aide d’une bride, et de quelques balluchons, on voit jaillir un camion prêt à rompre sous le poids des accumulations que l’on fond sous le charme de cet Oeil. Et doucement, alors que l’univers sonore nous entraînait dans les espaces définis, Clara Bauer fait chanter Habib Dembélé. On est saisis par la poésie et la justesse de la proposition qui sans mélo, nous touche en plein cœur.
Un merveilleux conte à voir dès 10 ans dont la devise semble être : osez regarder le monde, que vous soyez comédiens ou personnages, il n’est pas si laid.
© A. Carrara – il Funaro
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Infos pratiques
30 janvier > 23 février
les jeudi 30 et vendredi 31 janvier > 14h
puis du mardi au vendredi > 20h
et aussi le jeudi 6 février > 14h
le samedi > 19h
le dimanche > 16h
durée 1h15
tarif spectacle
tous publics à partir de 10 ans