
NEVER ODD OR EVEN, le palindrome de Filiz Sizanli, Mustafa Kaplan, Sofia Dias et Vítor Roriz
Fruit d’une résidence peu fructueuse, un quatuor composé de Filiz Sizanli, Mustafa Kaplan, Sofia Dias et Vítor Roriz déambule sur la scène du Théâtre de la Ville dans une réflexion sur les difficultés à se comprendre.
Sofia Dias et Vítor Roriz sont avant tout comédienne et comédien. Nous les avions découverts dans le duo super sexy pensé par Tiago Rodrigues, Antoine et Cléopâtre. Une leçon sur le désir où là, la question de la compréhension semblait ne pas se poser.
Mais revenons à NEVER ODD OR EVEN, programmé dans le cadre du Festival d’Automne. Sur le papier, cela a tout l’air passionnant. Tous deux turcs, Filiz Sizanli et Mustafa Kaplan ont créé leur première pièce en tant que duo en 1996 et fondé leur compagnie Taldans en 2003. De leur côté, au Portugal, Sofia Dias et Vítor Roriz développent leurs projets communs depuis 2006. Il s’agit de se parler quand on ne parle pas la même langue et de bouger selon des codes différents.
Vous le savez, car on vous le répète tout le temps dans ces pages, la danse parle depuis au moins le milieu du XXe siècle. En ce moment, elle va plus loin en s’emparant de la voix et des cordes vocales comme d’objets à déplacer. C’est ce que fait le quatuor en arrivant sur scène aveugle, les yeux bandés. Ils et elles sifflent. Un texte nous explique, au cas où nous ne l’aurions pas compris, que le sifflement est un moyen de se signaler, dans la montagne par exemple. C’est une façon pour les humains de se reconnaître.
Mis à part les trop rares moments, absolument sublimes où Mustafa Kaplan et Sofia Dias chantent, la pièce aligne les poncifs corporels dans une danse qui cherche à affirmer des lignes et des cassures sans y parvenir. Sur le fond, la réflexion reste en surface dans une esthétique empruntée aux années 70. Un mobile caldérien en métal deviendra un puzzle en trois dimensions. “le signifiant est un médiateur : la matière lui est nécessaire” écrivait Roland Barthes. Le quatuor vient effleurer cela dans un acte bien trop léger pour percuter.
Visuel : © Estelle Valente Teatro São Luiz
NB: Le titre du spectacle comprend un N inversé à la fin. Malheureusement, notre outil d’édition ne reconnait pas ce signe et le transforme en point d’interrogation.