Sofia Dias et Vitor Roriz décomposent la voix et le geste au Théâtre de la Bastille

L’excellent festival Hors-série n°6 entre dans sa seconde phase au Théâtre de la Bastille. L’idée est ici de présenter ce qui déborde et décape en sortant des frontières. Depuis hier les danseurs portugais Sofia Dias et Vitor Roriz nous embarquent Out of any present.

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Une mappemonde se barre, les continents en papier se disloquent sur un panneau noir qui sera amené à se déplacer. La musique provoque des boucles qui s’entremêlent sans démarrer. Eux deux vont entrer en scène et offrir un geste fou très actuel. Eux aussi de disloquent. Alors que leur corps reste froid comme du marbre, leur tête bouge dans un mouvement saccadé et haché, quasi robotique.

Nous entrons alors dans un rembobinage  où les mots prononcés perdent leur sens, devenant sons et notes de musiques, quasiment du scat. On entend la volonté d’une fuite “I Have to go”, “I’m going away”, répété avec obsession. Elle fut l’interprète de Jan Fabre et lui de Wim Vandekeybus ce qui leur donne un rapport proche avec la théâtralité. Ici, nous passons doucement de la danse à la performance dans une proposition qui mêle geste, voix et image .

Sur le fond, Out of any present semble vouloir interroger les maux du monde ( esclavage, guerre, dictature), sans y parvenir vraiment, mais sur la forme, Dias et Roriz imposent une présence et un mouvement qui décapent. Leur chorégraphie est innovante, spectaculaire et précise, c’est dire si le contrat “Hors série” est rempli.

Le spectacle est présenté en diptyque avec à 19H30, O que fica do que passa de Teresa Silva et Filipe Pereira

Visuel : ©Joana Patita