Néo-fafs et frappe directe à Vive le sujet du Festival d’Avignon
Le festival d’Avignon entre dans sa dernière ligne droite et avec elle, arrivent les nouvelles premières. Ce 19 juillet, la troisième séquence du partenariat entre la SACD et le Festival faisait une entrée remarquée et remarquable dans le jardin de la Vierge.
La première proposition, Jeune Mort, est une création totalement radiophonique. Le casque posé sur les oreilles, nous percevons, au détail près, l’histoire d’un garçon qui trouve son salut dans les rangs de ce que l’on nomme désormais l’ultra-droite. Nous sommes quelque part en France, la création d’un centre pour réfugiés est annoncée, pour ces obsédés de la culture “white” comme ils disent.
Le texte nous parvient par trois canaux : le violon de Karam Al Zouhir, la voix de Guillaume Cayet et le mixage d’Antoine Briot. Guillaume Cayet, à la lecture et à l’écriture, livre un récit glaçant. L’échec est partout sur ce territoire où “avant on votait PC”. Comment le repli identitaire est-il devenu majoritaire, jusqu’à se glisser dans les rangs “du ministre de l’Intérieur qui n’assume pas être du côté des extrêmes les plus extrêmes”.
Il est troublant d’entendre un texte ciselé sur les fans de Zemmour. On se sent d’autant plus dépassés par leur violence.
Ensuite, visiblement, la seconde proposition a la solution. Elle fait exulter la violence dans une joie immédiate. Fanny Alvarez, Morgane Carnet et Xavier Tabard apparaissent en tenue de boxeurs, avec leur peignoir doré. Il et elles sont prêts à taper un grand coup. Le trio envahit le sol et le ciel ( oui, le ciel !) de batteries et de baguettes. Le cirque et la voltige dialoguent avec le tempo brutaliste.
FEU est un lanceur d’alerte, une brûlure de réveil pour nos oreilles et nos yeux. Le corps mutin et acrobate de Fanny Alvarez est éblouissant de technique.
Ce troisième sujet foisonnant est donc absolument passionnant.
Jusqu’au 25 juillet 2023
© Christophe Raynaud de Lage