Danse
Les faunes queers de Trajal Harrell déambulent dans la Cour d’Honneur

Les faunes queers de Trajal Harrell déambulent dans la Cour d’Honneur

19 July 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

“Allons sagement et doucement : trébuche qui court vite.” Cette citation issue de Roméo et Juliette semble bien coller à la partition très élégante mais finalement bien trop sage de Trajal Harell.

Sur le papier, ce spectacle tient du rêve. Inviter le plus queer des chorégraphes, l’un des chefs de file du voguing au Festival d’Avignon et lui offrir la Cour d’honneur est une idée superbe.

Tout commence très bien, pendant l’entrée du public, en pleine lumière, la troupe prend conscience de l’espace du grand plateau. Iels se présentent à nous :  Frances Chiaverini, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Rob Fordeyn, Challenge Gumbodete, Trajal Harrell, New Kyd, Thibault Lac, Christopher Matthews, Nasheeka Nedsreal, Perle Palombe, Norel Amestoy Penck, Stephen Thompson, Songhay Toldon. Il est important de les citer tous et toutes car The Roméo met l’accent sur les individualités de chacun.es. Iels sont le monde dans toute sa diversité.

Le geste est excessivement beau. Dans la ligne courbe qui va de Doris Humphrey  à Willi Ninja, les pieds ne lâchent pas leurs demi-pointes et les bras leurs angles égyptiens.

 

Dans le groupe, Thibault Lac survole le jeu dans une précision de lignes glamours et bien tenues.

La danse répétitive est très agréable à regarder, tout comme les costumes sublimes que Trajal met en valeur à la façon d’un ballroom, avec des entrées et des sorties.

Mais, malgré l’énergie du groupe, la pièce reste trop calme, trop concentrée sur un minuscule espace qui se perd au plateau.  

L’écriture se concentre sur une ondulation ponctuée de ces bras très graphiques. Trajal fait évoluer les corps en lignes qui montrent les différences qui rassemblent entre elles et eux. Cela est très beau. Mais The Roméo se résume malheureusement, seulement, à un agréable moment, alors que la pièce aurait dû se transformer en feu d’artifice, elle ne décolle pas. 

 

© Christophe Raynaud de Lage

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]
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