June Events: Bernadette & Sunset on Mars
Durant le festival June Events nous avons pu découvrir des créations et exploration entre la danse et la musique, à la Cartoucherie, au milieu de la forêt de Vincennes. Lors d’une de ces belles soirées, deux représentations bien différentes nous on été offertes: Bernadette et Sunset on Mars.
Bernadette par Caroline Finn
Caroline Finn incarne Bernadette. La danseuse originaire du Royaume-Uni, la danse, le théâtre et la musique à l’École des Arts de Tring. Une formation à la prestigieuse Ecole Julliard, puis son travail au Ballet du Théâtre de Munich et au Ballet Preljocaj en 2008, justifie la qualité de sa danse.
Un solo teinté d’humour, durant lequel on voit le personnage perdre le contrôle de son corps et de son aspect bien rangé. Coiffée et vêtue à la manière d’une femme d’intérieur, la danse de Bernadette est schizophrène, pendant la préparation de son gâteau elle passe de mouvements lents, doux et maîtrisés à des chutes brusques, qui martèlent et décorent le sol d’oeufs et de farine. Peu à peu, Bernadette détruit et se débarrasse de sa civilité pour laisser une place à son côté sauvage, qu’elle semble finalement subir.
Ces phases “violentes”, abîment la Bernadette bien coiffée et habillée, qui finit par se recroqueviller sous la table de peur de succomber une nouvelle fois à la musique folle. On assiste alors à une lutte entre ordre et chaos marquée par l’alternance musicale. Une musique qui emporte et surprend, qui colle et se marie à merveille avec la chorégraphie maitrisée et légère de Caroline Finn.
Plus qu’une performance dansée, Bernadette est une scénette théâtralisée dont la musique se prête à merveille.
Visuel: Courtesy festival June Events © J.C. Carbonne
Sunset On Mars de Germán Jauregui
Sunset on Mars est une création de Germàn Jauregui, interprétée par ce même Germàn Jauregui et Elena Fokina.
Sur scène des dunes de livres couvrent le sol sur lesquels Germàn Jauregui se déplace à la manière d’un paresseux, nul sacralisation du livre ici, de ce monde caractérisé par le matérialisme les livres sont résumés à un simple parterre, l’on marche sur la connaissance. Puis, après de longs déplacements sur ce tapis atypique, arrive Elena Fokina, alors, dans un chamboulement frénétique, ils évacuent les livres, font place neuve sur la scène. Dans ce décor maintenant nu et après s’être ignorés pendant la première partie de la création, les deux finissent par s’étreindre jusqu’à l’épuisement ; tels deux amoureux en proie à de nombreuses difficultés extérieures ils font face ensemble, dans l’adversité.
C’est avant tout une création sur la souffrance de deux personnes, pour communiquer à tout prix ; c’est dans cette confrontation éreintante qu’ils parviennent finalement à être ensemble. Ils roulent sur le sol, se déplacent de long en large ; le tout devenant pour eux fatiguant au possible, la respiration haletante des deux danseurs couvre l’espace sonore jusqu’au bout ; la sueur perle sur leurs corps peu à peu. Ils essaient de tenir à tout prix, leurs forces s’amenuisant peu à peu mais leur extrême solidarité n’étant à peine altérée. Le spectateur ressent lui aussi cette fatigue des personnages, ces efforts sans relâche. Certains diront que c’est trop long ; d’autres fascinés par l’incroyable performance des danseurs auront le souffle coupé.
Le spectacle agit comme certains films notamment de Sofia Coppola : pour montrer la fatigue, il faut que le spectateur soit lui aussi quelque peu lassé.
A la sortie de la salle cette question reste en mémoire : faut-il nécessairement que le spectateur ressente chaque émotion, sensation des personnages ? Bien évidemment lorsqu’il s’agit de la peur ou du pathétique la question ne se pose pas, mais lorsque l’ennui est le sujet principal de l’oeuvre faut-il que le spectateur ressente à tout prix cet ennui, au risque de perdre une partie de l’audience ? La question est ouverte…
Visuel: Courtesy Atelier de Paris — Carolyn Carlson © DR
Kylhian Hildebert et Fairouz Guedouar